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Le nouveau plan d’aide à la Grèce suspendu au feu vert du Bundestag

Les députés du Bundestag débattent vendredi du nouveau plan européen d’aide à la Grèce et devraient autoriser le gouvernement d’Angela Merkel à participer aux négociations.

La chancelière et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble doivent intervenir devant la chambre basse du parlement allemand. Même si Angela Merkel fait face à de plus en plus de grogne dans son camp conservateur, où beaucoup se montrent réticents à soutenir de nouveau la Grèce, le feu vert du Bundestag semble assuré.

A la veille du vote, Mme Merkel et M. Schäuble ont invité jeudi les députés conservateurs à approuver l’accord sur un troisième plan d’aide à la Grèce. Selon des participants à la réunion du groupe parlementaire conservateur (CDU-CSU), la chancelière s’est dite « absolument convaincue » que le gouvernement devait emprunter le chemin des négociations.

En revanche, pour l’Allemagne, la question d’une réduction de la dette de la Grèce, qui atteint 180% du PIB, reste particulièrement sensible.

Le FMI a récemment jugé la dette grecque « totalement non-viable » et exhorté les Européens à l’alléger massivement par un rééchelonnement ou un effacement partiel, une option âprement combattue par l’Allemagne.

« Un véritable effacement de la dette est incompatible avec le fait d’appartenir à l’union monétaire », a réaffirmé jeudi M. Schäuble.

Le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew, en visite en France et en Allemagne, a quant à lui souligné « l’importance de parvenir à une solution sur la viabilité de la dette (de la Grèce, ndlr) au cours des prochaines négociations ».

Dans la foulée du vote dans la nuit de mercredi à jeudi du Parlement grec, qui a mis sur les rails des réformes en tant que gage de bonne volonté et au prix de fortes tensions politiques, Athènes a reçu le soutien appuyé du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi pour trouver un moyen d’alléger sa dette, une nécessité « indiscutable ».

Dans la soirée, le gouvernement grec annonçait la réouverture dès lundi des banques, fermées depuis le 29 juin. Toutefois, selon le ministre adjoint des Finances, Dimitris Mardas, les retraits resteront limités à 60 euros par jour, alors que toutes les autres opérations pourront à nouveau avoir lieu.

Le Parlement grec a entériné quatre réformes, dont une hausse de la TVA, conformément aux exigences des créanciers, mais au prix de beaucoup de défections dans les rangs de la formation de gauche radicale Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras.

Satisfaits, les ministres des Finances de la zone euro ont donné leur aval à l’ouverture de négociations officielles pour un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros, dont le principe avait été approuvé lundi.

Un « pont financier »

Et après la levée des réticences de Londres sur l’utilisation d’un fonds communautaire des 28 pays de l’UE, Athènes devrait pouvoir toucher de l’argent dans les tout prochains jours pour faire face aux dépenses courantes et à un gros remboursement de 4,2 milliards d’euros à la BCE lundi.

Pour assurer, au moins en partie, ce « pont » financier, la Commission européenne a proposé un prêt de sept milliards d’euros puisés dans un fonds communautaire. Le ministre britannique des Finances, George Osborne, qui ne voulait pas que les contribuables britanniques passent à la caisse pour régler les problèmes du bloc de la monnaie unique, a annoncé un accord avec la Commission jeudi soir.

Dans la journée le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), en réunion ordinaire à Francfort, a relevé de 900 millions d’euros le plafond des prêts d’urgence ELA, bouée de sauvetage des banques grecques. « Les conditions d’un relèvement d’ELA sont à nouveau réunies », a dit M. Draghi.

Le Parlement grec doit voter la semaine prochaine d’autres réformes promises, et la BCE devrait gonfler encore un peu plus les volumes d’ELA à chaque avancée de ce type, notait Holger Schmieding, analyste de Berenberg, évoquant « la carotte » tenue par M. Draghi.

Il subsiste néanmoins « des interrogations sur la volonté et la capacité (du gouvernement grec) à mettre en oeuvre » les réformes promises, a déclaré M. Draghi, pour lequel « il sera du ressort du gouvernement grec » de lever ces doutes.

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