Kibera, l'un des plus grands bidonvilles d'Afrique, situé à Nairobi, au Kenya. Septembre 2015 © Reuters

Le nombre de personnes extrêmement pauvres explosera sans action en faveur du climat

Le Vif

Nouvelle mise en garde pour la communauté internationale: 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté dans les quinze prochaines années si aucune action n’est prise pour freiner le changement climatique.

Lancé dimanche par la Banque mondiale (BM), l’avertissement accentue la pression sur les dirigeants du globe qui se réunissent début décembre à Paris pour la conférence COP21, avec l’objectif de conclure un accord international limitant les gaz à effet de serre.

Il intervient également quelques jours après un rapport alarmiste des Nations unies assurant que les promesses de réduction des gaz à effet de serre sont, en l’état, insuffisantes pour contenir le réchauffement à +2°C. « Sans (un) développement « climato-intelligent », le changement climatique pourrait faire basculer plus de 100 millions de personnes dans la pauvreté à l’horizon 2030″, indique la BM dans son rapport.

L’impact serait particulièrement fort sur le continent africain où le changement climatique pourrait entraîner une flambée des prix alimentaires pouvant atteindre 12% en 2030. Ce serait « un coup très dur pour une région où la consommation alimentaire des ménages les plus pauvres représente plus de 60 % leurs dépenses », souligne l’institution de développement économique.

L’Asie du Sud serait, elle aussi, en première ligne. En Inde, les chocs agricoles et la prolifération plus rapide des maladies résultant des dérèglements climatiques pourrait faire basculer 45 millions de personnes sous le seuil de l’extrême pauvreté (moins de 1,90 dollar par jour).

L’impact sur le globe serait également sanitaire. Un réchauffement planétaire de 2 à 3°C par rapport à l’ère pré-industrielle –supérieur à l’objectif de +2°C de la communauté internationale– pourrait augmenter de 5% le nombre d’habitants exposés au paludisme, soit une hausse de 150 millions de personnes, selon la Banque mondiale. L’incidence des maladies diarrhéiques menacerait également de grimper de 10% dans les quinze prochaines années, indique le rapport de l’institution.

Plus globalement, l’inertie sur le climat risquerait de compliquer l’objectif d’éradication de l’extrême pauvreté d’ici à 2030 que la Banque mondiale s’est fixé.

Progrès menacés

Début octobre, l’institution s’était félicitée des progrès sur ce front avec une extrême pauvreté qui devrait reculer en 2015 à un niveau sans précédent et frapper moins de 10% de la population mondiale, soit 702 millions de personnes.

Mais ces avancées pourraient être compromises par la hausse du thermomètre mondial. « Il ne sera pas possible de mettre fin à la pauvreté si nous ne prenons pas des mesures énergiques pour atténuer la menace que le changement climatique fait peser sur les pauvres et si nous ne réduisons pas massivement les émissions nocives », a estimé le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, cité dans un communiqué.

Dans son rapport, l’institution appelle notamment à mettre en oeuvre un « développement soucieux du climat, rapide et solidaire » qui renforcerait les capacités de résistance des populations aux aléas climatiques.

L’amélioration des systèmes de protection sociale et la mise en place d’une couverture santé universelle figurent parmi les propositions de la Banque mondiale, qui assure toutefois qu’une action internationale coordonnée reste indispensable. »À plus long terme, seule une action internationale immédiate et soutenue visant à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre permettra de préserver des millions de personnes de la pauvreté », affirme ainsi la Banque mondiale.

L’institution reconnaît que les mesures freinant l’impact des dérèglements climatiques auront un « coût net » mais ajoute qu’elles pourraient toutefois être financées par le produit d’une éventuelle taxe carbone. Les pays riches se sont engagés à allouer à ceux du Sud 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour financer la lutte contre le réchauffement climatique.

Début octobre, la Banque mondiale avait décidé d’augmenter sa contribution à cette enveloppe sous la pression de la communauté internationale.

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