© Reuters/Eric Gaillard

Le mouvement de contestation des magistrats contre Sarkozy s’amplifie

Le mouvement de contestation des magistrats contre les déclarations de Nicolas Sarkozy qui a accusé la justice de porter une part de responsabilité dans le meurtre atroce d’une jeune fille de 18 ans, Laetitia, pour lequel le suspect est un délinquant récidiviste s’est étendu lundi à des dizaines de tribunaux où des reports d’audience ont été votés. Une réaction qualifiée « d’excessive » par le Premier ministre français, François Fillon.

L’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) a dit être « écoeurée » par ces propos de François Fillon tandis que le Syndicat de la magistrature (SM) a parlé d' »autisme » et c’est le premier ministre qui « n’a pas pris conscience de l’ampleur du malaise ».

En fin de journée lundi, une cinquantaine de tribunaux avaient décidé de suivre le mot d’ordre de suspension des audiences non urgentes, selon un décompte effectué par l’AFP.

Aux prises avec cette fronde inédite, le Premier ministre, François Fillon est intervenu pour la première fois, à l’issue d’une rencontre avec le ministre français de la Justice, Michel Mercier, et celui de l’Intérieur, Brice Hortefeux. Il a qualifié ce mouvement de « réaction excessive » et appelé les magistrats « à la responsabilité ». Il a également affirmé craindre que cette révolte « ne puisse pas être comprise des Français ».

Le faux pas de Sarkozy

Le 3 février à Orléans, Nicolas Sarkozy avait affirmé que des « dysfonctionnements graves » des services de police et de justice avaient permis la remise en liberté sans suivi de Tony Meilhon, principal suspect du meurtre de Laetitia Perrais à Pornic (Loire-Atlantique), promettant des sanctions.

Les magistrats nantais avaient réagi en interrompant les audiences et l’USM avait appelé à une extension du mouvement partout en France. Le SM a appelé à faire grève jeudi et vendredi.

« Cela fait des années qu’on dit qu’on n’a pas les moyens de fonctionner normalement, cela ne date pas de Nicolas Sarkozy », a estimé lundi le juge antiterroriste Marc Trévidic, qui préside l’Association française des magistrats instructeurs (AFMI). Mais la différence, c’est que maintenant, « en plus, c’est de notre faute », s’est-il indigné.

Un soutien des avocats et d’une partie des policiers Les syndicats de magistrats ont reçu le soutien du Conseil national des barreaux, qui représente la profession d’avocat, et de nombreuses personnalités de l’opposition. A l’opposé, la majorité fait bloc derrière le président, estimant que les magistrats doivent « rendre des comptes ».

Les policiers, également critiqués, sont divisés, mais deux importants syndicats, ont dénoncé les propos de Nicolas Sarkozy, accusé d’avoir cédé à l' »émoi événementiel ».

Le Vif.be, avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire