Dmitri Medvedev © AFP

Le monde est-il entré dans une nouvelle guerre froide?

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a estimé samedi que les relations russo-occidentales étaient entrées dans une « nouvelle guerre froide ».

« On peut dire les choses plus clairement: nous avons glissé dans une période de nouvelle guerre froide », a-t-il déclaré à la Conférence de sécurité de Munich. « Ce qui reste c’est une politique inamicale et fermée, selon nous, de l’Otan vis-à-vis de la Russie », a-t-il jugé.

« Les politiques européens ont cru que créer une soi-disant ceinture d’amis aux frontières de l’UE serait une garantie de sécurité. Quel est le résultat? Pas une ceinture d’amis, mais une ceinture d’exclusion », a-t-il dit. « Créer la confiance c’est difficile (…) mais nous devons commencer. Nos positions diffèrent mais elles ne diffèrent pas autant qu’il y a 40 ans quand en Europe il y avait un mur », a souligné M. Medvedev.

Dans ce contexte, il a cité « l’exemple éclatant » qu’a constitué la rencontre vendredi à Cuba entre le pape François et le patriarche russe Kirill : « Avant cela, ces Eglises ne s’étaient pas parlées pendant des siècles ».

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a lui affirmé que l’alliance « ne cherche pas la confrontation ». « Nous ne voulons pas une nouvelle guerre froide mais notre réponse doit être ferme », a-t-il dit. « Nous voyons une Russie plus affirmée, qui déstabilise l’ordre régional européen », a-t-il ajouté, en référence à l’annexion de la Crimée par la Russie et le conflit avec les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine.

Face à cette « nouvelle réalité », l’Alliance a opté pour « plus de défense » mais souhaite aussi « plus de dialogue » avec Moscou.

Les alliés au sein de l’Otan ont décidé mercredi de renforcer la « présence avancée » de l’Alliance en Europe de l’Est avec des équipements lourds et des troupes alliées envoyées « par rotations » dans les pays de l’Est. « L’Otan a entrepris le plus grand renforcement de notre défense collective depuis des décennies pour prévenir toute agression ou intimidation. Pas pour faire la guerre mais pour la prévenir », a martelé M. Stoltenberg.

Par ailleurs, en marge de la Conférence de Munich, une nouvelle rencontre entre représentants russe, allemand, français et ukrainien a eu lieu pour tenter de débloquer le processus de paix ukrainien prévu par les accords de Minsk signés en février 2015.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Franz-Walter Steinmeier a dit espérer qu’il était « clair pour les responsables à Kiev et Moscou, que nous n’avons plus beaucoup de temps ».

La Russie reste accusée par les Occidentaux de soutenir militairement les rebelles ukrainiens, tandis que Kiev retarde selon Moscou une réforme devant accorder plus d’autonomie aux régions orientales.

A Munich, le président ukrainien Petro Porochenko a lancé une salve contre son homologue Vladimir Poutine. « Monsieur Poutine, ce n’est pas une guerre civile en Ukraine, c’est votre agression. (…) il n’y a pas de guerre civile en Syrie, mais vos avions qui bombardent des civils », a-t-il lâché.

A contrario, revenant sur la Syrie, M. Medvedev a insisté sur l’engagement de son pays à faire réussir la trêve annoncée pour la semaine prochaine par les grandes puissances. « C’est difficile mais il n’y a pas d’alternative », a souligné M. Medvedev. Il a appelé ensuite les Américains à parler aux militaires russes pour coordonner leur action et superviser la mise en oeuvre de la trêve en Syrie. Ils pourraient se « rencontrer une dizaine de fois par jour », a-t-il suggéré.

Les Etats-Unis ont refusé jusqu’ici une coopération militaire et accusent la Russie de viser dans ces bombardements les rebelles modérées plutôt que les groupes jihadistes comme l’Etat islamique pour renforcer le régime de Bachar al-Assad.

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