© AFP PHOTO/POOL/OLI SCARFF - 22 juillet

Le monde au chevet des filles

Stagiaire Le Vif

Le premier « Sommet international de la Fille » s’est ouvert mardi à Londres. Initiés par la Grande Bretagne et l’UNICEF, le but est de sensibiliser l’opinion et de récolter des soutiens pour continuer à lutter contre les mutilations génitales féminines et le mariage forcée. Pratiques courantes en Asie et en Afrique.

Le Gouvernement britannique et l’UNICEF ont organisé mardi le premier « Sommet international de la Fille« , à Londres, pour mobiliser les soutiens nécessaires à l’accélération de la lutte contre les mutilations génitales féminines/l’excision (MGF/E) et le mariage précoce, deux fléaux qui affectent des millions de filles à travers le monde.

Des données publiées cette semaine par l’UNICEF montrent une légère diminution des mutilations génitales féminines ainsi que des mariages précoces au cours des trente dernières années. Le fruit d’efforts considérables menés quotidiennement et qui s’affirment nécessaires pour compenser la croissance démographique des pays où ces pratiques sont très répandues.

Benoît Melebeck, porte-parole d’Unicef Belgique en explique les raisons : « Les mariages forcés, notamment en Asie et en Asie du Sud-est, ont diminué grâce à la progression de la scolarisation des filles. Il eut un temps un décalage entre la scolarisation des garçons et des filles, mais aujourd’hui, on tend vers l’équilibre. Détail, non négligeable, l’installation de toilettes séparées rassure les jeunes filles, surtout au moment de la puberté. Le but est que ces enfants restent le plus longtemps à l’école primaire et au secondaire. Cela réduit les chances d’être mariée de force. » Les mentalités évoluent aussi, doucement, mais sûrement. Les parents s’activent à améliorer du mieux qu’ils peuvent les conditions de vie de leur enfant.

Zones de grand conflit

Toutes ces actions sont diminuées et les résultats reculent cependant dans des zones de grand conflit, comme en Syrie. De nombreux citoyens ont trouvé refuge dans des camps en Jordanie, les parents n’ont parfois pas d’autres choix que de donner leur fille soit à un mari dans ces camps ou dans une famille d’accueil, au Liban par exemple. « Vivant une situation précaire, le mariage forcé semble être une question de survie pour ces jeunes filles, qui pose un cadre légal à toute tentative de violence sexuelle », ajoute M. Melebeck.

Changer les mentalités

Les mutilations génitales féminines/l’excision connaissent un processus de diminution bien plus lent. Actuellement, 130 millions de femmes ont subi une forme de MGF/E dans les 29 pays d’Afrique et de Moyen-Orient. L’Unicef rapporte que deux tiers de la population, en Afrique, est contre ce genre de pratiques et pourtant cela reste courant. Pourquoi ? « Ce sont les mères et les grands-mères qui perpétuent cette tradition, même si elles ont vécu la même chose. La pression sociale reste accablante », explique le porte-parole belge. Que faire alors ? « Il faut que les mères fournissent des efforts majeurs pour diminuer la pratique et changer la tradition. Nous verrons comment cela évolue pour les générations futures. »

Sur le terrain, l’Unicef, dont le rôle depuis des décennies est d’analyser les situations et de chercher la meilleure solution, est en contact avec des exciseuses traditionnelles ainsi que des sages-femmes. L’organisation qui lutte pour la protection des enfants estime qu’il faut d’abord commencer par changer les mentalités, dès lors les pratiques seront plus consciencieuses et responsables. De même, les chefs religieux de toute confession véhiculent le message que « l’excision n’a rien de religieux, c’est purement ethnique ».

« Les MGF/E et le mariage précoce causent aux filles un tort grave et irréparable, en les privant de leur droit de faire leurs propres choix et de réaliser leur plein potentiel. Ils sont néfastes pour elles, mais aussi pour leurs familles et la société dans son ensemble. Les filles ne sont pas une marchandise et ont le droit de prendre en main leur destin, et il va de l’intérêt de tous qu’elles puissent le faire », a déclaré Anthony Lake, Directeur général de l’UNICEF.

Durant ce sommet, le Premier ministre David Cameron a déclaré « La Grande-Bretagne veut inciter les enseignants et les travailleurs de la santé à signaler des cas de mutilations génitales féminines (MGF). »

Réda Bennani (St.)

L’Asie représente 67 % des mariages forcés dans le monde. Dont 1/3 en Inde. 13% en Afrique. Et 2% en Occident.
Dans le monde, on estime actuellement à plus de 700 millions le nombre de femmes mariées pendant leur enfance. Plus d’un tiers d’entre elles (soit quelque 250 millions) l’ont été avant l’âge de 15 ans.

Si ces pratiques sont en recul depuis trois décennies, le nombre de filles mariées pendant leur enfance pourrait, lui, rester stable (à plus de 700 millions) jusqu’en 2050, du fait de la croissance démographique. Dans le même temps, jusqu’à 63 millions de filles risquent de subir des MGF/E.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire