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Le MoDem de François Bayrou, allié de Macron, visé par une enquête

La justice française a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête pour déterminer si le parti centriste MoDem, allié au nouveau président Emmanuel Macron, avait salarié de manière illicite certains de ses employés sur des fonds européens.

Ouverte à deux jours du premier tour des élections législatives, cette enquête pour « abus de confiance » vise le parti dirigé par l’actuel ministre de la Justice François Bayrou, qui vient de présenter un projet de moralisation de la vie politique.

Elle fait suite au témoignage mercredi d’un ex-collaborateur du MoDem. Ce dernier a confié à la justice que la direction du parti centriste lui avait fait signer en décembre 2010 « un contrat de travail à temps plein pour son emploi en qualité de +responsable web et réseaux sociaux+ » mais aussi « un avenant de détachement à ce contrat de travail +afin d’exercer des fonctions de collaborateur » auprès de l’ancien eurodéputé Jean-Luc Bennahmias.

L’intéressé a précisé « avoir été rémunéré entre décembre 2010 et novembre 2011, d’une part par le parti, d’autre part par l’Association pour une Europe citoyenne présidée par M. Bennahmias, alors qu’il soutient n’avoir jamais travaillé pour ce dernier en particulier ni pour l’Association pour une Europe citoyenne, mais uniquement pour le siège du parti », a expliqué le parquet de Paris.

« L’enquête va notamment s’attacher à vérifier s’il a pu bénéficier de fonds en provenance du Parlement européen via cette association », a relevé une source proche de l’enquête.

Interrogé jeudi par l’AFP, M. Bennahmias, qui a quitté le MoDem à l’automne 2013, s’était insurgé: « Il dit qu’il n’a jamais travaillé pour moi! Il a dû oublier ».

Mais d’autres témoignages recueillis par la presse semblent indiquer que la pratique ne serait pas isolée au sein du parti centriste, et l’enquête du parquet va également s’attacher à examiner ces autres cas.

« Tout salarié qui a travaillé dans ses équipes ces dernières années, souvent à temps partiel, a été rémunéré par le mouvement de manière parfaitement transparente », avait répliqué jeudi le MoDem.

Les soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen sont déjà au coeur de deux procédures judiciaires.

Une enquête préliminaire pour abus de confiance, visant 19 eurodéputés de tous bords, dont deux parlementaires du MoDem (notamment une autre ministre, Marielle de Sarnez), a été ouverte le 22 mars après le signalement effectué par une eurodéputée du parti d’extrême droite Front national. Le cas des deux députés du MoDem a été joint à l’enquête ouverte ce vendredi.

Le FN est lui-même visé par une enquête des juges d’instruction pour des faits similaires.

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