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Le Missouri s’embrase après la mort d’un jeune Noir

Le Vif

La petite ville de Ferguson dans le Missouri (centre) a connu sa cinquième nuit de violences après qu’un policier blanc a abattu un jeune Noir qui n’était pas armé samedi dernier, ravivant le débat sensible du racisme aux Etats-Unis.

Selon les chaînes de télévision américaines, la police anti-émeutes est intervenue mercredi soir sur le site d’une station essence incendiée où les manifestants s’étaient rassemblés dans cette ville de la banlieue de Saint-Louis.

Les images montraient des tirs de grenades lacrymogènes et d’épais nuages de fumée à travers lesquels couraient les manifestants. Les forces de l’ordre ont également fait usage de grenades assourdissantes, selon le journal St. Louis Post-Dispatch.
Les forces de l’ordre sont déployées en nombre et les policiers, visiblement très tendus, sont très lourdement équipés pour faire face à ces simples manifestations.

L’image d’un tireur d’élite en treillis militaire qui vise la foule avec son fusil à lunette, juché sur un véhicule blindé, a fait le tour des réseaux sociaux, très mobilisés en faveur des manifestants, pour dénoncer cette démonstration de force.

De nombreux anciens combattants des guerres d’Irak et d’Afghanistan se déclarent aussi choqués de voir des policiers plus lourdement armés qu’ils ne l’étaient souvent dans leurs zones de guerre.

Provoquant cette fois l’ire des médias, la police avait brièvement arrêté mercredi deux journalistes, dont un correspondant du Washington Post, qui ont ensuite été relâchés sans avoir été inculpés. Ils ont apparemment été arrêtés pour ne pas avoir quitté assez rapidement le restaurant McDonald’s où ils se trouvaient après une injonction de la police aux abords d’une manifestation.
Toutes ces tensions sont apparues après la mort de Michael Brown, une jeune homme noir abattu par un policier dans des circonstances controversées samedi dernier.

Les récits sur les circonstances du décès diffèrent. Selon un témoin, Michael Brown, qui allait rendre visite à sa grand-mère et n’était pas armé, marchait dans la rue quand un agent de police s’en est pris à lui et l’a abattu alors qu’il avait les mains en l’air. Selon la police, Michael Brown a été tué après avoir agressé un policier et tenté de lui dérober son arme.

Le chef de la police de la ville Tom Jackson a par ailleurs affirmé que le policier responsable des tirs avait été blessé au visage, sans plus de précisions.

Pour des raisons de sécurité, la police, qui a reçu des menaces, n’a pas voulu donner le nom du policier auteur des tirs. Selon les médias celui-ci fait partie des forces de l’ordre depuis six ans et n’avait pas posé de problèmes particuliers auparavant.

Depuis, la communauté noire s’est mobilisée et les manifestations se sont succédé dans cette ville où 14.000 des 20.000 habitants sont d’origine afro-américaine mais où les policiers sont très majoritairement blancs.

Don’t Shoot!

Le cri de ralliement des manifestants est « Don’t Shoot » (« Ne tirez pas »), en référence aux derniers mots qu’aurait prononcé Michael Brown avant de se faire abattre.

Le maire de la ville James Knowles a demandé mercredi que « tous les groupes qui veulent se rassembler pour prier ou protester le fassent seulement en journée, de manière organisée et respectueuse ».

Le président américain Barack Obama avait appelé mardi à l’apaisement et au dialogue, en rappelant que le FBI avait lancé une enquête fédérale en parallèle à celle menée par la police du comté.
Le président se tient au courant des derniers développements et a été briefé mercredi soir sur la situation à Ferguson, a également précisé un porte-parole de la Maison Blanche. La mort de Michael Brown est « de nouveau la mort absurde d’une personne de couleur », avait estimé en début de semaine l’avocat de la famille Benjamin Crump.

Sa famille « envoie le message à tous ceux qui tenaient vraiment à Michael Brown: essayons d’être pacifiques et responsables dans nos manifestations », a ajouté l’avocat jeudi.

« Michael Brown n’a rien fait pour justifier d’être exécuté en plein jour, c’est la pire fusillade de la police que j’ai jamais vu. Il nous faut des réponses, cela doit être transparent et c’est pourquoi nous appelons le département de la Justice et le procureur général à effectuer une autopsie indépendante », a encore demandé Benjamin Crump.

Ce dernier était déjà l’avocat de la famille de Trayvon Martin, un jeune Noir abattu en 2012 par un vigile de quartier en Floride, dont la mort avait relancé le débat aux Etats-Unis sur le racisme et les lois encadrant la légitime défense. Le vigile, George Zimmerman, qui a reconnu avoir tué le jeune homme âgé de 17 ans, avait été acquitté après avoir plaidé la légitime défense.

Obama lance un appel au calme

Le président américain Barack Obama a lancé jeudi un appel au calme et demandé aux forces de l’ordre de faire preuve de retenue après les violences qui ont secoué la ville de Ferguson (Missouri) où un policier blanc a abattu un jeune Noir. Jugeant que la police avait « la responsabilité d’être transparente » sur ce qui s’était exactement passé samedi soir, il a aussi mis en garde les forces de l’ordre contre « un usage excessif de la force contre des manifestations pacifiques ». Ferguson, située dans la banlieue de Saint-Louis, a connu une cinquième nuit de violence marquée en particulier par l’intervention de la police anti-émeutes sur le site d’une station essence incendiée où les manifestants s’étaient rassemblés. « Ici, aux Etats-Unis, la police ne devrait pas harceler ou arrêter des journalistes qui essayent simplement de faire leur travail et de raconter aux Américains ce qu’ils voient sur le terrain », a ajouté M. Obama qui s’exprimait depuis l’île de Martha’s Vineyard, dans le Massachusetts, où il passe ses vacances.

La police a brièvement arrêté mercredi deux journalistes, dont un correspondant du Washington Post, qui ont ensuite été relâchés sans avoir été inculpés.M. Obama a également souligné qu’il n’existait « aucune excuse » à la violence contre des policiers ou « pour ceux qui profitent de cette tragédie pour piller ou saccager ». « Les émotions sont à vifs à Ferguson et il y a incontestablement des différences marqués sur ce qui s’est passé », a reconnu le président américain. « Mais le temps du calme et de la paix dans les rues de Ferguson est venu », a-t-il ajouté, appelant de ses voeux une enquête « ouverte et transparente ».

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