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Le FBI ne pense qu’à mettre les internautes américains sur écoute

Le Vif

Mettre les internautes sur écoute: c’est la « priorité majeure » du FBI. Les autorités américaines redoublent d’efforts pour s’en donner les moyens, malgré la résistance de l’industrie des nouvelles technologies et de groupes de défense des libertés civiles.

L’opacité de la Toile empêche les autorités américaines d’obtenir des informations cruciales, c’est la principale raison énoncée par le FBI pour mettre ses « cyber-citoyens » sur écoute.

Andrew Weissmann, à la tête du département juridique de la police américaine, a ainsi affirmé lors d’une conférence récente à Washington que l’élargissement des pouvoirs de la police dans ce domaine était une « priorité majeure cette année ». Avec les lois actuelles, la police fédérale peut déjà obtenir un mandat judiciaire pour accéder à des communications en ligne.

Les grandes entreprises comme Google et Microsoft sont en général en mesure d’y répondre, mais le spectre n’est pas assez large et de nombreuses autres sociétés n’ont pas les moyens ou les capacités techniques d’une « mise sur écoute ».

La proposition en cours d’élaboration, selon certaines informations des médias, exigerait des entreprises informatiques qu’elles permettent l’accès du gouvernement aux communications sous peine de lourdes amendes. Mais la simple évocation d’une intrusion dans ce domaine a entraîné une levée de boucliers, motivée par des craintes multiples.

Des oppositions multiples

D’abord, pour le secteur des technologies, un tel accès créerait une faille du point de vue de la sécurité des utilisateurs. « Cela crée une vulnérabilité intentionnelle à la sécurité qu’ils espèrent n’être exploitée que par les bonnes personnes. Mais nous savons que les individus mal intentionnés s’en servent aussi », note ainsi Joseph Hall, expert au Centre pour la démocratie et la technologie (CDT).

La possibilité de mandater des « cyber-écoutes » sur de vastes champs de communications sur internet fera du tort aux « citoyens normaux qui respectent la loi », les rendant vulnérables, « tout en permettant à des criminels et des terroristes de désactiviser ces écoutes ou d’utiliser des produits plus sécurisés venant d’autres pays », fait valoir Bruce Schneier, autre expert en sécurité informatique.

Les fabricants de technologies s’insurgent aussi des coûts, et des conséquences sur le plan de leur compétitivité, qu’impliquerait pour eux cette nouvelle loi. Joseph Hall explique ainsi que de nouveaux coûts pèseraient sur les groupes high-tech car les autorités auraient besoin des clés qui permettent l’encodage des systèmes informatiques et exigeraient que les logiciels et programmes soient conçus avec une « porte dérobée », c’est-à-dire un accès inconnu de l’utilisateur légitime, mais que d’autres parties pourraient s’octroyer.

Michael Beckerman, lobbyiste à l’Internet Association, estime que ce projet, qui n’est pas même rendu public, est déjà « fondamentalement défectueux ». Aux yeux de Joseph Hall, du CDT, la solution existe déjà. « Il est peut-être temps d’utiliser plus intelligemment les montagnes d’informations que le FBI collecte déjà, plutôt que d’essayer d’en obtenir davantage », tranche-t-il.

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