Alexander Grushko, le représentant permanent russe à l'OTAN, après la réunion du 20 avril à Bruxelles. © EPA

Le dialogue est relancé entre l’OTAN et la Russie

Stagiaire Le Vif

Les 28 ambassadeurs de l’Alliance atlantique ont rencontré ce mercredi leurs homologues russes à Bruxelles. Le dernier sommet datait du mois de juin 2014, trois mois après l’annexion de la Crimée.

A l’époque, l’OTAN avait décidé de rompre l’ensemble de ses coopérations pratiques avec la Russie, et de mettre entre parenthèses les relations diplomatiques et politiques. La rencontre d’aujourd’hui était vue par beaucoup d’observateurs comme symbolique, signe d’un timide, mais réel rapprochement entre deux entités qui se sont boudées depuis maintenant deux ans.

Mais le sommet ne revêt pas uniquement une importance symbolique. Car les sujets abordés autour de la table sont nombreux, et épineux : la situation en Afghanistan, l’Ukraine et la mise en application complète des Accords de Minsk et du cessez-le-feu font partie des priorités de l’OTAN.

Un contexte très compliqué

Dmitri Medvedev, le Premier ministre russe a déclaré qu’il regrettait « la politique inamicale de l’OTAN à son égard ». Son pays a d’ailleurs de fortes attentes concernant le renforcement de la présence militaire alliée à ses frontières.

Selon un article de RFI, ce qui inquiète actuellement Moscou, c’est la présence avancée de l’Alliance atlantique en Europe orientale, dans des pays qui faisaient à l’époque partie du Pacte de Varsovie. On y retrouverait des divisions blindées américaines ainsi que du matériel d’armement. Le porte-parole du Kremlin a d’ailleurs déclaré que ce renforcement de la présence militaire était considéré comme une menace pour la sécurité nationale russe.

De plus, les récentes interceptions des avions et navires alliés d’appareils et sous-marins russes n’aident pas à rendre les discussions plus aisées. Ces accrochages de plus en plus récurrents ont conduit les Occidentaux à préconiser la réduction des risques de prévisibilité. C’est donc pourquoi les membres de l’Alliance ont décidé de relancer le dialogue diplomatique avec Moscou.

RFI nous apprend aussi que la Russie considère que ces conditions rendront le dialogue très compliqué entre leur pays et les responsables de l’OTAN. Par son porte-parole, la Fédération russe a déclaré que « la confiance a été détruite et qu’il sera très difficile de la restaurer », en ajoutant qu’il s’agissait ici « du triomphe de la méfiance mutuelle absolue ».

Un dialogue nécessaire

Mardi, le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg déclarait : « Je m’attends à ce que les Russes présentent leur point de vue. Nous n’avons pas peur du dialogue, nous pensons au contraire que celui-ci compte d’autant plus quand les temps sont difficiles et les tensions fortes ».

« Ça va être désagréable, mais au moins on se parlera », a confié un diplomate à l’AFP. Il a ajouté que la réunion permettra « de jauger jusqu’où les Russes sont prêts à aller pour essayer de gérer les tensions ».

La semaine dernière, M. Stoltenberg avait confié que ce Conseil OTAN-Russie « faisait partie de la continuation de notre dialogue politique, mais qu’il n’y aura pas de retour au « business as usual » jusqu’à ce que la Russie respecte à nouveau le droit international », en faisant directement référence à l’annexion de la Crimée par Moscou en mars 2014.

Le degré de méfiance est élevé, mais le dialogue semble être le premier pas pour limiter les risques d’affrontements, que ne souhaitent ni Moscou ni Washington, alors que les provocations, elles, ne diminuent pas. Ce petit « réchauffement » des relations était aussi le bienvenu afin d’assurer le maintien d’un dialogue militaire avant que la Maison-Blanche ne change de propriétaire, en novembre prochain.

Les temps semblent aujourd’hui plus mûrs pour « rouvrir le canal des discussions », selon un diplomate. Selon Le Monde, la tenue de cette réunion fut un cheminement sinueux, car quelques pays de l’Alliance (le Canada, les Etats baltes et la Pologne) y étaient réticents. Berlin et Paris ont réussi à les convaincre en leur promettant que cette réunion ne signifiait pas un retour à la coopération, ni à la transformation de la Russie en un véritable partenaire.

L’attitude plus conciliante du secrétaire d’Etat américain John Kerry a permis de rendre possible cet évènement, qu’on pensait encore impensable il y a quelques mois.

Maxime Defays

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