© Reuters

Le clan Kadhafi ne cède rien face aux Libyens

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi se battra jusqu’au bout contre les tentatives de renversement de son régime, a prévenu l’un de ses fils.

Ce dimanche, au cinquième jour de la révolte populaire, la contestation a gagné pour la première fois la capitale libyenne. Des manifestants anti-gouvernementaux se sont rassemblés dans les rues de Tripoli qui ont été le théâtre d’affrontements avec les partisans du colonel Kadhafi.

Des fusillades ont éclaté pendant la nuit et la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, dont certains lançaient des pierres sur des affiches à l’effigie de Kadhafi, au pouvoir dans le pays depuis 42 ans.

« Nous sommes à l’intérieur de la maison et les lumières sont éteintes. Il y a des coups de feu dans la rue », a dit un habitant de Tripoli à Reuters par téléphone. « J’entends des coups de feu et des gens, je ne peux pas sortir. » Un expatrié vivant à Tripoli a déclaré pour sa part: « Des manifestants antigouvernementaux se rassemblent (…), la police les disperse, je vois aussi des voitures en flammes. »

Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, au moins 233 personnes ont été tuées ces derniers jours. La plupart d’entre eux se trouvaient à Benghazi, deuxième ville du pays. Si Kadhafi avait espéré un temps présenter la situation dans cette ville comme un problème strictement provincial, il se trouve contraint de revoir son discours.

Une « nouvelle Libye » ou la « guerre civile »

Face à l’embrasement, c’est son fils, Saif al Islam Kadhafi, qui s’est exprimé à la télévision libyenne dans la nuit de dimanche à lundi. Il a adressé un double message de mise en garde et d’apaisement, prévenant que l’armée maintiendrait l’ordre dans le pays à n’importe quel prix.

« La Libye, à l’inverse de l’Egypte et de la Tunisie, est composée de tribus, de clans et d’alliances », a prévenu le fils du dirigeant, mettant en garde contre une division du pays en plusieurs Etats. Selon lui, le peuple doit choisir soit de construire une « nouvelle Libye » soit de plonger dans la « guerre civile ».

Il a reconnu que plusieurs villes du pays, dont Benghazi et Al-Baïda, dans l’est, étaient la proie de violents combats et que les émeutiers s’étaient emparés d’armes militaires. Mais ajouté que les bilans donnés par « les médias étrangers » sont « très exagérés », allant jusqu’à évoquer un complot mené depuis l’étranger.

« La Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd’hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye », a déclaré Seïf Al-Islam lors de cette allocution télévisée.

Au sujet des réformes, il a promis que le parlement libyen, le Congrès général du Peuple, allait se réunir lundi pour discuter d’un programme de réformes. Ces mesures pourraient ne pas suffire à apaiser la colère de manifestants, inspirés des récentes révolutions tunisienne et égyptienne.

Où est Kadhafi lui-même?

Selon un analyste d’Al Jazira, Marwan Bishara, « c’est le discours désespéré du fils désespéré d’un dictateur qui fait du chantage à son peuple en brandissant la menace d’un bain de sang. (…) C’est d’autant plus dangereux qu’il n’a aucun rôle politique en Libye ». Seïf Al-Islam conduisait le courant réformateur depuis 2007, mais a annoncé sa retraite politique un an après. Pour le commentateur, voir Kadhafi pousser ce fils devant la caméra de télévision pour menacer le peuple pourrait être le « début d’un scénario cauchemardesque pour la Libye ».

D’ailleurs où est le « Guide »? D’après le Guardian, sa dernière apparition date de vendredi dernier, « dans le centre de Tripoli où il est venu saluer des partisans mais sans prendre la parole ». Depuis, il n’aurait « pas quitté sa forteresse de Bab al-Aziziya dans le centre de la capitale ».

Les fils Kadhafi en première ligne

En revanche, ses autres fils sont également très actifs. D’après le site du quotidien britannique, « son fils Khamis, commandant d’une unité des forces d’élite, dirigerait la répression à Benghazi », berceau de la révolution. Son autre fils Saadi, « plus connu pour ses abus d’alcool et de drogue » serait également présent sur ce front.

Pas trace d’Hannibal, en revanche, dont l’attitude en Suisse avait suscité une crise bilatérale. Reste Muatassim, « conseiller en sécurité nationale de son père et principal prétendant à la succession ». Toujours d’après le Guardian, il aurait « monté une unité de forces d’élites pour faire concurrence à son frière Khamis ». Car, comme le président déchu égyptien Moubarak, la question de la succesion de Kadhafi, au pouvoir de 42 ans, est loin d’être réglée.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire