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Le Chili de Pinochet « dictature » ou « régime militaire »?

La nouvelle formulation proposée par le gouvernement chilien pour qualifier l’ère Pinochet de « régime militaire » et non plus de « dictature », provoque la discorde.

Le remplacement proposé dans les manuels scolaires du Chili de « dictature militaire » par « régime militaire » pour désigner l’ère Pinochet (1973-90), a hérissé les milieux des droits de l’homme et gêné jusque dans la majorité de droite. La reformulation, proposée par l’ex-ministre de l’Education, Felipe Bulnes, a été approuvée en décembre, par les membres du Conseil national de l’Education (CNE). Cette modification, passée inaperçue jusqu’à la révélation par un site internet eldinamo.cl, doit concerner à terme, les manuels d’histoire ou de langue de classes du primaire chilien, pour les élèves de six à 12-13 ans.

Rétropédalage

Le gouvernement de Sebastian Piñera, qui en 2010, a ramené la droite au pouvoir au Chili pour la première fois depuis la fin de la dictature en 1990, s’efforçait jeudi, de désamorcer l’indignation et semblait préparer une marche arrière. Enseignants et textes scolaires « pourront utiliser le terme de dictature, ou tous les termes qu’ils jugent appropriés », a insisté jeudi, face à la presse le nouveau ministre de l’Education Harald Beyer, assurant que la reformulation « n’impose rien » à l’enseignement, mais se veut « une invitation au débat ».

Il a aussi assuré à titre personnel reconnaître « sans problèmes que cela a été un régime dictatorial », en référence à l’ère du général Augusto Pinochet, et son bilan de 3225 morts et disparus et 37000 cas de torture et de détentions illégales. Le Sénat, que contrôle l’opposition de gauche, n’en a pas moins annoncé une session spéciale sur le sujet, à laquelle il convoquera Harald Beyer. « Ce qu’ils sont en train de faire, c’est occulter les faits survenus pendant une dictature, à travers une action cosmétique, en disant que la dictature n’a pas été une dictature », a dénoncé Guido Girardi, président de la Chambre haute.

La gauche y a vu la main d’une aile dure de la droite chilienne toujours influente 21 ans après. L’un des deux partis de la majorité de Sebastian Piñera est la très conservatrice UDI, jadis base politique du dictateur Pinochet.

LeVif.be avec L’Express.fr

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