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Le centre de la RDC s’enfonce dans la violence

Le Vif

De nombreuses personnes ont été tuées jeudi et vendredi dans des troubles à Kananga, dans le centre de la République démocratique du Congo, où des partisans d’un chef coutumier tué en août par les forces de l’ordre ont attaqué l’aéroport, selon des sources concordantes.

« Il y a eu du grabuge à Kananga, mais le calme est revenu en fin d’après-midi », a assuré à l’AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.

Selon des bilans contradictoires compilés par l’AFP, les heurts ont fait au moins dix morts et peut-être plusieurs dizaines.

« Nous avons enregistré sept morts du côté de l’armée et 40 dans les rangs des assaillants, miliciens du chef Kamwena Nsapu », a déclaré sous le couvert de l’anonymat un membre du cabinet du gouverneur de la province du Kasaï-Central, dont Kananga est la capitale.

Interrogé sur ce bilan de plusieurs dizaines de morts, M. Mende a déclaré: « Le calme est revenu, peut-être à ce prix-là ». « Nous sommes en réunion d’évaluation » pour faire toute la lumière sur cette affaire, a-t-il ajouté.

Selon une source militaire occidentale, « il y a eu certainement plus de dix morts », mais « on est en dessous de vingt ».

La situation est restée confuse toute la journée à Kananga et l’enchaînement des événements était difficile à retracer depuis les premiers affrontements de la veille.

Néanmoins, selon des sources concordantes, les rebelles ont réussi à prendre le contrôle de l’aéroport. M. Mende a indiqué qu’une hôtesse de la compagnie aérienne publique nationale Congo Airways avait été tuée.

Le porte-parole du gouvernement a assuré que les forces loyalistes avait repris le contrôle de l’aéroport, en bordure de quartiers habités dans l’ouest de la ville.

Deux journalistes et un responsable d’ONG locaux joints par téléphone de Kinshasa ont affirmé le contraire, précisant que les soldats encerclaient l’aéroport mais n’étaient pas parvenus à y reprendre pied.

Le doute persistait pour la source militaire occidentale, selon qui « l’aéroport serait sous le contrôle de l’armée », mais celle-ci ne semblerait pas contrôler tous les quartiers alentour.

Selon cette source, des renforts de l’armée dépêchés par voie terrestre étaient attendus dans la ville mais on ne pouvait dire avec précision quand ils arriveraient compte tenu de l’état « catastrophique » des routes de la région, dépourvue d’infrastructures de base comme pratiquement tout le reste du pays.

Les sources locales jointes par l’AFP craignaient une reprise des affrontements samedi dès l’aube.

Médecin dans la force de l’âge, le chef de la tribu Kamwena Nsapu – dont on ignore l’état-civil exact – a été tué dans une opération de police en août.

Revenu dans le pays en avril après avoir habité un certain temps en Afrique du Sud, selon les informations disponibles, il a commencé à contester le pouvoir central et ses représentants locaux (gouverneur provincial, forces de police…)

A la suite de ce qu’il a présenté comme le viol de sa femme et la désacralisation de ses attributs tribaux par des « Rwandais » (éléments rwandophones de l’armée régulière originaires de l’Est de la RDC), le chef Kamwena Nsapu a lancé un appel à l’insurrection et à la « libération du Congo » dans un appel audio qui lui est attribué et qui circule sur les réseaux sociaux.

Dans la tradition luba (l’ethnie du chef Kamwena Nsapu), le viol d’une femme n’implique pas forcément un acte sexuel mais le fait de toucher une femme mariée, qui plus est à un chef.

Selon les sources interrogées par l’AFP à Kananga, un fort sentiment « anti-rwandais » s’exprimait en ville depuis 48 heures.

L’aéroport de Kananga est pratiquement le seul moyen de désenclaver un ville et une région extrêmement reculée du pays.

Kananga est une ville historiquement rebelle au Congo. Dans les premiers jours de l’indépendance du pays en 1960, la ville, qui s’appelait alors Luluabourg, avait été la capitale d’une éphémère République kasaïenne.

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