Jeremy Corbyn © Reuters

Le Brexit déclenche un vent de fronde au Parti travailliste de Jeremy Corbyn

Le Vif

Le chef du parti travailliste Jeremy Corbyn fait face à un vent de fronde, accusé de ne pas avoir assez mouillé la chemise dans le référendum sur l’Union européenne, avec la démission dimanche de plusieurs responsables et le limogeage d’un autre.

« C’est le coeur lourd que je vous écris pour vous annoncer ma démission », écrit Heidi Alexander, ministre de la Santé du cabinet fantôme travailliste de Jeremy Corbyn, selon une lettre publiée sur son compte Twitter.

« Ceux qui seront le plus touchés par le choc économique lié à la sortie de l’UE ont besoin d’une opposition forte, tout comme ceux qui craignent la montée de l’intolérance, de la haine et de la division », explique-t-elle.

Or, Mme Alexander ne pense pas que Jeremy Corbyn puisse incarner cette opposition ou gagner les prochaines élections législatives dans le pays.

C’est aussi l’opinion de Ian Murray, responsable de l’Ecosse dans le cabinet fantôme, qui a démissionné à son tour dimanche tandis que les médias britanniques s’attendent à de nouvelles défections.

Dans la nuit, on apprenait que Jeremy Corbyn avait de son côté limogé Hilary Benn, ministre des Affaires étrangères du cabinet fantôme, parce qu’il remettait en cause son autorité après la décision des Britanniques de quitter l’UE.

Comme le Premier ministre conservateur David Cameron, obligé de démissionner vendredi, M. Corbyn a fait campagne pour rester dans l’UE. Mais du bout des lèvres seulement, estiment une partie de l’appareil du partie qui lui reproche particulièrement de ne pas avoir convaincu l’électorat ouvrier du Labour, dont plus d’un tiers (37%) a voté pour le Brexit.

Cette révolte des caciques du Labour contre Jeremy Corbyn n’est pas une surprise.

Partisans d’une ligne plus au centre, ils sont en embuscade depuis neuf mois pour tenter de se débarrasser de ce chantre de la gauche radicale arrivé à la tête du Labour en septembre à la surprise générale mais avec un fort soutien populaire, persuadés qu’il s’agit d’une erreur de casting.

En cas de Brexit, « il y aura un coup d’Etat contre Jeremy Corbyn », avait pronostiqué Iain Begg, de la London School of Economics, interrogé jeudi par l’AFP.

« Il va rester »

« C’est un homme bon et honnête mais ce n’est pas un leader », a déclaré Hilary Benn sur la BBC dimanche matin, réclamant un changement à la tête du parti.

Deux députées travaillistes ont prévu de déposer lundi une motion de défiance contre lui.

« Si des législatives sont convoquées cette année, ce qui est fort possible, nous pensons que finiront dans les oubliettes avec Jeremy Corbyn », ont-elles dit à leurs collègues parlementaires.

Il faudrait cependant à tout challenger de M. Corbyn réunir le soutien de 20% des 229 députés travaillistes, avant de chercher le soutien des membres du parti qui restent majoritairement acquis à Jeremy Corbyn à en croire les sondages.

Et pour l’instant, personne n’a osé ouvertement dire qu’il contesterait personnellement son autorité. Interrogé à ce sujet, Hilary Benn a exclu vouloir lui succéder.

Dans le camp pro-Corbyn, il est hors de question qu’il abandonne son poste.

« C’est complètement stupide, il ne va pas démissionner », a réagi la porte-parole pour la Défense du parti Emily Thornberry sur Sky News.

John McDonnell, son bras droit, a rappelé que Jeremy Corbyn avait été élu à une large majorité par les membres du parti, qui n’hésiteront pas à le réélire si le parti en arrivait à cette extrémité.

« Il a été élu il y a neuf mois, avec le score le plus large jamais enregistré par aucun autre responsable politique dans notre pays » et « il va rester », a-t-il ajouté.

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