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Le bide du sommet des 50 ans de l’Union Africaine

Le Vif

La cérémonie des 50 ans de l’Organisation de l’Unité Africaine à Addis Abeba n’a pas été un franc succès populaire. Ceux qui espéraient, sans y croire, un bilan sincère des 50 ans de l’institution n’ont pu qu’être déçus.

En montant sur la scène du Millenium Hall à l’occasion du cinquantenaire de l’Organisation de l’unité africaine, François Hollande a découvert l’incurie de l’institution, devenue Union africaine (UA) en 2002. 10 000 invités étaient annoncés, et ils étaient à peu près là en début de journée, pour les chants, les danses traditionnelles et les flonflons. Mais quand François Hollande a prononcé son discours, comme la Brésilienne Dilma Roussef ou l’Européen José Manuel Barroso avant et après lui, le public avait fui depuis longtemps et il se sont trouvés devant un océan de chaises vides. En étant large, on ne comptait alors dans la fosse, presque aussi grande qu’un terrain de football, qu’une trentaine de personnes pour les écouter distraitement… Même sur la terrasse VIP, où étaient installés les chefs d’Etats africains et leurs comparses, il ne restait plus, selon un témoin, que Hailemariam Desalegn et Nkozasana Dlamini-Zuma, hôtes des lieux en tant que Premier ministre éthiopien et présidente de la Commission de l’UA, ainsi que les présidents d’Afrique du Sud et du Zimbabwe, qui n’avaient sans doute pas fini leurs assiettes. Les autres en avaient eu aussi leur claque des discours interminables (le Burundais Museveni a tenu le crachoir 45 minutes) et sans reliefs, et s’étaient fait la malle.

Ceux qui espéraient un bilan sincère des 50 ans de l’UA en ont été pour leur frais

On a beaucoup célébré les pères fondateurs et appelé à réinventer le Panafricanisme, on s’est gargarisé des résultats de la dernière décennie et puis basta. Bref, les cérémonies du Jubilé d’Or n’auront pas été un franc succès populaire, et politiquement, il est discutable que le moment reste dans l’histoire. Ceux qui espéraient, sans y croire, un bilan sincère des 50 ans de l’institution en ont évidemment été pour leur frais. Les crises violentes qui ravagent certaines zones, le développement laborieux qui n’a pas profité pas aux populations, tout cela a quasiment été mis de côté. Quant à la « vision 2063 », qui devrait désormais guider le continent, elle était visiblement encore trop floue, et a été remise à plus tard.

Certes, ce n’est pas ce week-end que se jouait l’avenir de l’Afrique, mais les bugs ont été si nombreux (incapacité à s’entendre sur des financements alternatifs, polémiques internes sur l’affichage des portraits des éminences de l’institution, installation en catimini du squelette paléontologique de Lucy dans le hall …) que l’on peut s’inquiéter pour la suite. Deux décisions majeures ont tout de même été prises : l’UA demande l’arrêt des poursuites contre le président kenyan Uhuru Kenyatta, soupçonné par la Cour pénale internationale de crime contre l’humanité ; et elle annoncé la création d’une « Capacité africaine de réaction rapide » puisque la « Force en attente » censée assurer la sécurité du continent, et initialement prévue pour 2010, n’est toujours pas opérationnelle.

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