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Le 3 mars 1985, la plus grande victoire de Margaret Thatcher

Le bilan est lourd. 20 000 blessés, 11 000 arrestations, 11 tués… Ce n’est pas une guerre civile. Juste un conflit social. Qui a dérapé. Un mouvement d’une ampleur inouïe, combattu avec des moyens inédits. D’un côté, des mineurs ; de l’autre, un Etat. Et à sa tête, une femme forte.

En 1985, en matant la révolte ouvrière, Margaret Thatcher gagne une bataille qui se révéla pourtant longtemps indécise. Du même coup, et pour l’histoire, elle devient la  » dame de fer « .

L’  » homme malade de l’Europe « . Dans les années 1970, c’est ainsi que la Grande-Bretagne apparaît. Alors que son économie tourne au ralenti et que ses finances publiques dérapent, les puissances syndicales donnent le ton. A tour de rôle, postiers, dockers et mineurs battent le pavé. Leur détermination leur permet d’obtenir de nombreuses avancées.

1979 marque un premier tournant. Lassés, les Britanniques confient la direction de leur pays aux conservateurs de Thatcher. Libérale affirmée, la Première dame se lance dans une vaste campagne de libéralisation. Tout en relançant l’économie, elle renforce aussi l’appareil sécuritaire. Elle crée des polices antiémeutes, augmente le salaire des policiers. Par divers procédés juridiques, elle limite aussi la marge de manoeuvre des syndicats.

Un véritable champ de bataille : le Yorkshire fut le théâtre de heurts sanglants entre mineurs grévistes et forces de l'ordre.
Un véritable champ de bataille : le Yorkshire fut le théâtre de heurts sanglants entre mineurs grévistes et forces de l’ordre. © GETTY IMAGES

L’affrontement se prépare ; c’est dans les mines qu’il aura lieu. Logique : en Europe, la production de charbon est de moins en moins rentable. Encouragées par les Communautés européennes, les principales mines ferment les unes après les autres. La Grande-Bretagne ne peut échapper au mouvement. En mars 1984, Thatcher annonce la suppression de 100 000 emplois dans le secteur.

Mais les mineurs british ne l’entendent pas ainsi et multiplient les actions. Le Yorkshire devient le théâtre d’opérations d’envergure. Un véritable champ de bataille. Il faut dire qu’Arthur Scargill, le leader des grévistes, est un vrai dur :  » Dans une guerre de classe, vous devez utiliser toutes les armes à votre disposition « , confiera-t-il. Socialistes et syndicalistes étrangers prennent fait et cause pour ces valeureux mineurs, organisant activités de solidarité et collectes de fonds en leur faveur. La société britannique, elle, se divise franchement, tandis que la propagande tourne à plein régime. Relayée par la plupart des médias, Thatcher accuse les mineurs d’être les  » ennemis de l’intérieur « . Scargill est présenté comme un dangereux démagogue, véritable menace pour l’Etat. Même la justice s’y met : la grève est déclarée illégale et le principal syndicat est dissous.

Thatcher le reconnaîtra bien plus tard : il s’en faudra de peu pour que le gouvernement  » perde sur toute la ligne « . Mais finalement, il l’emporte. A la dure, à l’usure. Petit à petit, le front des grévistes se lézarde. Entre la base et le top des syndicats, la confiance faiblit. Le 3 mars 1985, le travail reprend. Bornée ou décidée ? Sans merci, Thatcher vient d’enterrer la culture de la grève en Angleterre.

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