A l'initiative du pape Jean-Paul II : une rencontre interreligieuse en faveur de la paix. © Belgaimage

Le 27 octobre 1986, le jour de la première rencontre interreligieuse pour la paix

Ceci n’est pas une conférence. Ni un colloque ou un round de négociation. C’est un jour de prière, de silence et de jeûne. Autour de Jean-Paul II, 130 responsables religieux. Devant eux, plus de mille journalistes. S’ils sont venus massivement, c’est parce qu’ils savent la journée historique. A double titre.

D’une part parce que, très souvent amenées à s’affronter, les religions sont ici invitées à partager un moment ensemble. D’autre part parce que, trop souvent sources de conflits, les religions sont là pour adresser un message de paix.

Les guerres de religion sont-elles terminées ? Sans doute pas. Mais dans la seconde moitié du xxe siècle, des initiatives nouvelles témoignent d’un désir de dialogue. C’est très perceptible dans le camp catholique. Dans les années 1960, à l’occasion du concile Vatican II, Rome redéfinit ses rapports avec les autres religions. Notamment avec les juifs : après avoir longuement fait preuve de mépris envers le  » peuple déicide « , les catholiques commencent à manifester pour eux une réelle estime.

L’Organisation des Nations unies a proclamé 1986  » année internationale de la paix « . Pour Jean-Paul II, l’occasion est belle. Le pape est convaincu que les religions jouent un rôle dans l’histoire de l’humanité. Et il est persuadé que la paix ne peut naître sans prière. En janvier 1986, il invite les représentants de toutes les confessions à participer à une journée de prière pour la paix. Un vent d’enthousiasme parcourt aussitôt le monde. Tempéré par quelques craintes aussi. A la curie, certains cardinaux redoutent qu’un tel rassemblement n’ouvre la voie au relativisme. Toutes les religions ne se valent pas, estiment-ils. Telle est notamment la position de Joseph Ratzinger. Alors préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, le futur Benoît XVI ne s’oppose pas à la rencontre. Mais il n’y participera pas.

Pour accueillir l’événement, Assise s’impose. Moins catho-catholique que Rome, Assise est aussi la ville de saint François, figure respectée dans nombre de religions et homme ouvert au dialogue avec le monde musulman. Un autre choix témoigne d’une véritable stratégie : celui d’organiser le rendez-vous un lundi. Et pas un vendredi (jour sacré des musulmans), un samedi (jour sacré des juifs) ou un dimanche (jour sacré des chrétiens).

 » Le fait que nous soyons venus ici n’implique aucune intention de chercher un consensus religieux entre nous, ou de mener une négociation sur nos convictions de foi.  » En ouvrant la rencontre, Jean-Paul II fixe le cadre. Il donne aussi le ton : pour lui, la prière est nécessaire pour que  » le monde puisse enfin devenir un lieu de paix véritable et permanente « . En matinée, place à la prière. Répartis en divers lieux de culte, zoroastriens, juifs, hindous, musulmans, orthodoxes, sikhs et tous les autres se tournent chacun vers (leur) dieu. L’après-midi, ils se rassembleront pour un temps de prière commune, un lâcher de colombes et un repas végétarien. Tous, en partageant cette journée, contribueront à faire naître l’esprit d’Assise.

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