Le siège du Parlement allemand est la proie des flammes... Un brasier exploité par les nazis à des fins politiques. © getty images

Le 27 février 1933, le mystérieux incendie du Reichstag

La plupart des Berlinois ne découvrent les faits qu’à leur réveil. Ils sont sous le choc. Durant la nuit, des flammes ont ravagé le Reichstag. Leur Parlement n’est plus.

Les pompiers sont pourtant intervenus, luttant vaillamment contre le feu. Mais celui-ci a vaincu : la toiture s’est effondrée, le bâtiment est détruit. Voilà un étonnant symbole : moins d’un mois après l’arrivée au pouvoir d’un certain Adolf Hitler, le régime parlementaire serait-il en danger ? Un mystère aussi : qui est l’auteur des faits ? Et pourquoi a-t-il agi ?

La campagne bat son plein en cette fin d’hiver. Les élections législatives sont prévues pour le 5 mars ; le parti nazi y voit une magnifique occasion pour emporter une large majorité et définitivement asseoir son autorité. Pour ce faire, tous les moyens sont bons. Dans un climat extrêmement tendu, les sections d’assaut du parti hitlérien multiplient les actes de violence. Histoire de manifester leur force et d’intimider les adversaires.

Vient la fameuse nuit. Rapidement arrivées sur les lieux, les forces de l’ordre arrêtent Marinus van der Lubbe, un Néerlandais de 24 ans, ancien membre des jeunesses communistes. A première vue, l’homme, détraqué, a agi de manière isolée. Reste à créer la version officielle. Propagande à l’appui, le régime réécrit l’histoire. La nouvelle vérité est aussitôt proclamée : van der Lubbe serait à l’origine d’un vaste complot ourdi par l’extrême gauche, visant à déstabiliser l’Etat.

A menace exceptionnelle, mesures exceptionnelles : sur le champ, Goering, ministre de l’Intérieur du Land de Prusse, organise une rafle de personnalités communistes. Certaines sont torturées, d’autres assassinées. Dans la foulée, l’état d’urgence est proclamé, offrant au gouvernement les pleins pouvoirs, et suspendant l’exercice des grandes libertés. Alors que les premiers camps de concentration s’apprêtent à sortir de terre, la propagande tourne à plein régime : les communistes sont présentés comme les ennemis de l’Etat ; les nazis sont devenus les protecteurs de la nation. Début mars, les législatives marquent leur triomphe : le parti national-socialiste engrange 44 % des voix. Officiellement, et presque démocratiquement, les nazis ont pris le pouvoir.

En septembre 1933, un procès public s’ouvre à Leipzig. Sur le banc des accusés, aux côtés de van der Lubbe, figurent quelques communistes notoires. Dont il apparaît très vite qu’ils ne sont en rien mêlés aux événements. Entre-temps, l’opinion publique internationale s’est emparée de l’affaire. Une commission d’enquête internationale est créée, un contre-procès est même organisé. De plus en plus, une autre thèse circule : l’incendie aurait été programmé par les dirigeants nazis eux-mêmes. Van der Lubbe, qui sera condamné à mort, aurait-il été manipulé par Goering et ses hommes pour la plus grande gloire du régime ? Quatre-vingt ans après les faits, le doute demeure. Le mystère aussi.

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