La famille Ceausescu a habité la luxeuse villa de Bucarest de 1965 à 1989. © AFP

La Villa de Ceausescu ouverte pour la première fois au public

Stagiaire Le Vif

Pour la première fois en 26 ans, les Roumains ont pu découvrir l’intérieur de la villa du dictateur communiste Nicolae Ceausescu.

Le 12 mars dernier, plus de 300 personnes ont pu ainsi visiter le Palais Primaverii (Palais du Printemps), la luxueuse résidence de l’ancien Président roumain, située dans le quartier du même nom, là où s’était établie à l’époque la nomenklatura communiste. Encore aujourd’hui, le district du nord du Bucarest est un des plus riches de la capitale, où vivent de nombreuses personnalités politiques et célébrités roumaines.

« Ce lieu doit être connu de tous, il se doit être ouvert au peuple roumain. Celui-ci doit faire la paix avec son histoire et connaître son passé, avec toutes ses facettes », a déclaré lors de la cérémonie d’ouverture Violeta Alexandru, la ministre pour les Consultations publiques et le dialogue civique.

Le bâtiment a été érigé entre 1964 et 1965 selon le goût du couple Nicolae et Elena Ceausescu. Les touristes pourront quant à eux découvrir la maison dès le 19 mars.

La Villa de Ceausescu ouverte pour la première fois au public
© AFP

Une résidence de luxe

Depuis la chute du dictateur, la résidence a servi de logement aux officiels étrangers. Elle possède 80 chambres, est décorée par des miroirs en verre de Murano, compte une piscine intérieure, une salle de cinéma, un bunker et un jardin…où se promènent des paons.

Le couple Ceausescu ainsi que leurs enfants ont résidé dans cette luxueuse villa entre 1965 et 1989, date à laquelle les deux époux fuient Bucarest après des manifestations sanglantes.

Ceausescu ou l’effroyable dictateur

Nicolas Ceausescu a dirigé la Roumanie pendant 24 ans. D’abord élu à la tête du pays en 1965 comme Secrétaire général du Parti communiste, il se fait élire deux ans plus tard Président du Conseil d’Etat, avant de devenir Président de la République socialiste de Roumanie en 1974. Celui qui s’est auto-proclamé « Génie des Carpates » était, comme le disait le journal Libération, « ultra zélé, fanatique et paranoïaque » et a développé un important culte de la personnalité.

Il aura réussi à faire de son pays l’état plus pauvre d’Europe, là où sa politique autoritaire et la répression n’aura, à cette époque, presque pas d’égal dans le monde. Le népotisme accompagnera toute sa vie. Sa femme devient numéro deux du régime, d’autres de ses proches font partie eux aussi de l’équipe dirigeante du pays.

En 1986, les émeutiers de la faim de Brasov réclament du pain, Ceausescu, lui, répondra par la force et les canons. Le dictateur n’épargne pas non plus les 2 millions de Roumains d’origine hongroise de Transylvanie, qui sont privés de la totalité de leurs droits. La répression nationaliste conduit également au rasement pur et simple de 8000 villages et à la fermeture avec la frontière hongroise.

La mégalomanie du dictateur le conduit à raser le centre historique de Bucarest pour y ériger sa ville de béton, dont la construction de son immense palais, la Maison du Peuple, qu’il n’aura pas l’occasion d’habiter. Le bâtiment abrite aujourd’hui le Parlement roumain.

Mais en décembre 1989, le peuple se soulève lors d’émeutes et de protestations, notamment à Timisoara, où il est de nouveau réprimé (et où le bilan de victimes a été extrêmement amplifié par plusieurs médias occidentaux, notamment avec l’existence de charniers).

Le 22 décembre, le dictateur s’enfuit avec sa femme avant d’être livré par la police à l’armée. On retiendra surtout leur procès expéditif à l’issue duquel le couple est déclaré coupable de génocide et condamné à mort. Les époux sont fusillés dans la base militaire de Târgoviste, le jour de Noël 1989.

Maxime Defays

Source : Le Parisien

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