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La victoire électorale des islamistes confirmée en Tunisie

La victoire du parti Ennahdha a été confirmée jeudi soir par le chef de la commission électorale. Les islamistes obtiennent ainsi 90 des 217 sièges à l’Assemblée constituante tunisienne. L’actuel Premier ministre devrait être remplacé par un remplaçant de ce parti.

Ca y est. La victoire du parti Ennahdha a été confirmée jeudi soir par le chef de la commission électorale qui a précisé que les islamistes avaient obtenu 90 des 217 sièges à l’Assemblée constituante tunisienne lors d’élections historiques en Tunisie.
Ce succès d’Ennahdha devrait lui permettre de former un gouvernement dirigé par les islamistes, le premier depuis les soulèvements du printemps arabe qui avaient conduit à la chute du président Zine ben Ali.

Kamel Jandoubi a déclaré lors d’une conférence de presse que le Congrès pour la République, parti laïque classé à gauche, arrivait en deuxième place avec 30 sièges à l’issue des élections constituantes de dimanche.

Troubles après l’annonce des résultats

Des violences ont éclaté jeudi soir à Sidi Bouzid, ville du centre de la Tunisie où a commencé la révolution, après l’annonce par la commission électorale des résultats.

Des groupes de jeunes ont mis à sac le local du parti islamiste Ennahda, vainqueur du scrutin, et jeté des pierres sur les forces de l’ordre, après l’annonce de l’invalidation de six listes d’Hechmi Haamdi, richissime homme d’affaires.

Selon un correspondant de l’AFP, quelque 2.000 jeunes ont jeté des pierres et brisé les portes et fenêtres du local d’Ennahda.

La « Pétition populaire » d’Hechmi Haamdi a obtenu 19 sièges dans l’assemblée constituante. Elle a toutefois été invalidée dans six circonscriptions, notamment à Sidi Bouzid où elle était arrivée en tête à la surprise générale. Hechmi Haamdi a annoncé le retrait de l’ensemble de ses listes après leur invalidation partielle par la commission électorale.

Rassurer

Ennahdha s’est employé depuis plusieurs jours à rassurer les laïcs et les investisseurs étrangers inquiets de voir émerger un gouvernement islamiste dans l’un des pays les plus libéraux du monde arabe.

Les droits des femmes et de tous ceux qui n’ont pas d’appartenance religieuse affirmée seront protégés en Tunisie, a promis le dirigeant islamiste Rachid Ghannouchi après la confirmation de la victoire de son parti. « Nous allons poursuivre cette révolution pour atteindre l’objectif d’une Tunisie libre, indépendante, en développement et prospère dans laquelle les droits de Dieu et du prophète, des femmes, des hommes, des croyants et des non croyants seront garantis parce que la Tunisie appartient à tous », a-t-il dit.

Les adversaires des islamistes ne sons pour autant rassurés. L’annonce des résultats a été accueillie par des violences provoquées par des partisans du candidat de la Pétition populaire, mécontents que leur champion ait été éliminé du scrutin. Ils ont incendié les bureaux du maire dans la ville de Sidi Bouzid, où des bulletins n’ont pas été comptabilisés en raison d’irrégularités, ont indiqué des témoins. La police a tiré des grenades de gaz lacrymogène pour disperser des centaines de manifestants dans cette agglomération à l’origine de la révolte provoquée par le suicide d’un vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, il y a 10 mois.
Premier ministre

Ennahdha, qui était interdit sous le règne de Zine ben Ali, n’a pas remporté la majorité absolue au sein de la nouvelle assemblée mais elle a réuni suffisamment d’élus pour espérer former un gouvernement de coalition avec deux des formations laïques de centre-gauche arrivées derrière elle. Les résultats confirment les prévisions faites par le parti lui-même. Le système électoral tunisien rendait quasiment impossible le scénario d’un parti obtenant la majorité des élus.

L’actuel Premier ministre, Beji Caïd Essebsi, qui devrait être remplacé par un représentant d’Ennahda, a affirmé jeudi qu’il n’a aucune raison de douter des engagements des islamistes en faveur d’un Etat civil et démocratique.

Les élections tunisiennes, les premières organisées depuis le début du « printemps arabe », et leurs répercussions sont suivies de près à l’étranger, où l’on cherche des indications sur les bouleversements en cours dans cette partie du monde.

Le Vif.be, avec L’Express.fr et Belga

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