Johnny Weissmuller © Wikipedia

La triste fin de Tarzan

Le Vif

Avant de devenir pour Hollywood « Le seul, l’unique, le vrai Tarzan », le seigneur de la jungle ou encore l’homme-singe, Johnny Weissmuller a éclaboussé de sa classe le monde de la natation dont il fut, durant les années 1920, le roi incontesté.

Des vingt acteurs qui ont incarné, au cinéma, Tarzan, ce fils d’aristocrates anglais recueilli dans la jungle africaine par des singes, Weissmuller est de loin celui qui a marqué le plus les esprits.

Et pour cause: son physique de statue grecque faisait rêver les midinettes américaines dans les années 1930 et 1940. Son cri, improbable variation africaine d’un yodel autrichien, terrifiait ses ennemis et les spectateurs, encore tout surpris de l’avoir vu, dans un décor en carton-pâte, terrasser à mains nues un lion ou échapper à des crocodiles.

Rien ne prédestinait Weissmuller, né en 1904 dans l’actuelle Roumanie, alors dans l’Empire austro-hongrois, à devenir l’une des personnalités américaines les plus connues de la planète.

Après avoir installé sa famille à Chicago, son père se lance dans la production de bière, mais se ruine rapidement et boit pour oublier jusqu’à en mourir. Johann Peter, longtemps chétif, quitte l’école à 14 ans et travaille comme bagagiste dans un grand hôtel du Chicago de la Prohibition, sous la coupe d’Al Capone.

67 records du monde

Il a appris à nager seul et attire l’attention d’un entraîneur, Bill Bachrach. Sous sa conduite, il devient le premier à passer sous la minute sur 100 m libre, décroche trois médailles d’or aux JO-1924 de Paris (100 m et 400 m libre, relais 4×200 m), sans oublier une médaille de bronze en water-polo, et ajoute deux titres olympiques (100 m libre, relais 4×200 m) quatre ans plus tard à Amsterdam.

Plus impressionnant encore, durant toute sa carrière, entre 1921 et 1929, il n’a jamais été battu en course et a collectionné 67 records du monde, le tout avant d’avoir 25 ans! C’est précisément parce qu’il est alors considéré comme le meilleur nageur du monde que le studio Metro Goldwyn Meyer s’intéresse à ce beau gosse, l' »Adonis américain », un autre de ses surnoms.

En 1932, il devient Tarzan, pas vraiment pour ses talents d’acteur, comme il le reconnaîtra lui-même plus tard: « Ce rôle était fait pour moi, il fallait nager beaucoup et donner peu de répliques. Comment un type qui monte aux arbres et dit +Moi Tarzan, toi Jane+ peut-il gagner des millions de dollars? » s’étonne-t-il lui-même.

‘Jungle Jim’

Entre 1932 et 1948, il tient le rôle de Tarzan à douze reprises et devient l’une des stars, riches et enviées, d’Hollywood. Malgré son embonpoint naissant et les années qui passent, sa carrière au cinéma se poursuit grâce à « Jungle Jim », un rôle de… composition qui le voit incarner cette fois un chasseur de fauves en Asie.

Sa carrière s’essouffle dans les années 1950 et les dettes s’accumulent, car il a aussi collectionné les épouses, cinq au total, dont la volcanique actrice d’origine mexicaine Lupe Vélez, et les divorces qui lui coûtent sa fortune.

Il se lance dans la construction de piscines et l’alimentation, sans grand succès, rêve d’un parc d’attractions en Floride, puis déménage à Las Vegas où il joue les utilités au célèbre Caesar Palace, mais sa santé se dégrade. Désargenté, il s’installe à Acapulco, au Mexique, où il mourra le 20 janvier 1984 à l’âge de 79 ans.

Seules sa cinquième femme et une de ses dernières amies de sa flamboyante carrière à Hollywood assisteront à ses obsèques, où, conformément à ses volontés, retentira trois fois ce cri de Tarzan qui a fait sa renommée.

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