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La Syrie est dans l’impasse

La communauté internationale s’y attendait. Damas n’a pas respecté son engagement de retirer ses troupes des villes. Tandis que les Nations unies réclament de nouvelles sanctions, Damas a envoyé une lettre promettant l’arrêt des opérations militaires.

La communauté internationale a accusé le régime syrien d’avoir failli à son engagement de retirer ses troupes des villes conformément au plan de l’émissaire Kofi Annan, à la veille de l’ultimatum fixé par l’ONU pour l’arrêt total des violences.
Pourtant, ce mercredi, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, a reçu une lettre de Damas. Dans celle-ci, le ministre syrien des Affaires étrangères promet l’arrêt des combats militaires sur tout le territoire, jeudi à partir de 6h locale (soit 3h GMT).

Rejetant toute militarisation de la question syrienne, Kofi Annan a dit espérer une amélioration de la situation à partir de jeudi matin, date fixée par le Conseil de sécurité de l’ONU pour l’arrêt des combats. Sur le terrain pourtant, les forces massivement déployées dans certaines localités, menaient des opérations notamment à Homs, Deraa et Deir Ezzor, tuant 11 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Nouvelles opérations militaires

Mardi, jour de la date butoir pour l’entrée en vigueur du plan Annan, les violences ont fait plus de 52 morts, dont 28 civils, selon l’OSDH. À la frontière turque, des tirs des forces syriennes ont atteint dans la nuit un camp de réfugiés, pour la deuxième fois en trois jours, ont rapporté les médias turcs. Ces tirs n’ont pas fait de victimes, alors que 6 personnes, dont deux Turcs, avaient été blessées lundi, provoquant une escalade verbale entre les deux voisins, autrefois alliés.

L’armée syrienne a lancé ce mercredi de nouvelles opérations militaires à travers le pays, tuant au moins 11 civils selon l’OSDH. Les forces gouvernementales, appuyées par des dizaines de transports de troupes blindés, se sont déployées à Maarba, dans la province de Deraa, berceau de la contestation dans le sud, au milieu de tirs nourris.

Des militants ont par ailleurs rapporté que des hélicoptères militaires survolaient plusieurs villes du pays, notamment Dmeir, à 40 kilomètres de Damas, alors que jusqu’alors l’armée syrienne a eu peu recours aux forces aériennes.

L’influence de Moscou et Pékin

Le chef de la diplomatie britannique William Hague a suggéré de « porter l’affaire devant la Cour pénale internationale » (CPI) afin que les dirigeants syriens répondent de leurs exactions, tandis que le Français Alain Juppé a préconisé de prendre, après jeudi, de « nouvelles mesures » pour imposer la fin des violences.
Face à la poursuite des violences, l’ambassadeur américain Susan Rice, dont le pays préside le Conseil de sécurité de l’ONU en avril, a laissé entendre qu' »une action collective » devait « logiquement » suivre pour accentuer la pression sur Damas, estimant que « l’heure de vérité » approchait. Susan Rice a rappelé à Moscou et Pékin qu’ils « ont une responsabilité particulière d’user de leur influence pour mettre fin aux massacres ».

Pékin et Moscou -deux alliés de poids du régime qui ont bloqué à deux reprises des résolutions du Conseil de sécurité condamnant la répression- ont appelé Damas à appliquer rapidement le plan Annan, la Chine se disant « profondément inquiète ».

Kofi Annan espère une « amélioration »

À moins de 24 heures du cessez-le-feu total prévu par son plan, Kofi Annan a qualifié de « désastreuse » toute militarisation de la crise, en réponse à une question sur la position du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui prônent l’armement des rebelles, contrairement à la majorité de la communauté internationale.
Après avoir accusé mardi Damas de ne pas retirer ses chars, mais de les déplacer pour de nouvelles offensives et reproché au régime de n’avoir envoyé « aucun signe de paix », l’émissaire a vu de nouvelles raisons d’espérer.

« Si tout le monde respecte (le cessez-le-feu), je pense qu’à partir de 06h00 heures (03H00 GMT) jeudi 12 avril, nous devrions voir une nette amélioration de la situation sur le terrain », a déclaré Kofi Annan à Téhéran, grand allié de Damas.

Kofi Annan a indiqué mercredi que le régime du président Bachar el-Assad avait donné « des clarifications supplémentaires » sur ce qu’il attend de l’opposition: « Des assurances sur le fait que les forces de l’opposition arrêteront elles aussi les combats pour permettre une cessation de toutes les violences ».

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi s’est dit « hostile aux interventions étrangères dans les affaires de n’importe quel pays », estimant que « tout changement devra se faire sous le gouvernement syrien » actuel.

La crise en Syrie, que la communauté internationale a été jusqu’à présent incapable de résoudre après plus d’un an de violences, devrait être au menu des discussions du G8, réuni ce mercredi à Washington.

LeVif.be avec L’Express

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