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La Suède bientôt sexuellement neutre ?

Bien que la Suède soit déjà reconnue comme l’un des pays les plus sexuellement égalitaires au monde, certains Suédois souhaitent aller encore plus loin en supprimant les « il » et les « elle » pour les remplacer par un pronom neutre « hen ».

En 2010, le Forum économique mondial avait désigné la Suède comme le pays le plus sexuellement égalitaire du monde. Pourtant, une frange de la population considère qu’une égalité des sexes n’est pas suffisante et prône une neutralité des sexes. Bien que la nuance puisse paraître subtile, elle signifie dans les faits qu’on ne devrait plus autoriser la moindre distinction entre les sexes.

Selon Slate.fr, ce mouvement est déjà présent en Suède puisque dans de nombreuses écoles maternelles, encouragées par une directive ministérielle de l’éducation, toute référence au sexe a été supprimée et l’on appelle les filles et les garçons par leurs prénoms ou sous la dénomination de « copains ». Plus anecdotique, mais révélateur d’une certaine évolution des mentalités : une chaîne de magasins pour enfants a supprimé ses rayons filles et garçons, certains politiciens prônent des toilettes neutres et des militants font du lobbying pour bannir les prénoms unisexes.

L’apparition du « hen »

Depuis début mai les partisans de la neutralité ont engrangé une victoire importante en obtenant que le pronom hen [h?n], apparaisse dans la version numérique de l’Encyclopédie nationale suédoise. Ce dernier y est défini comme suit : « suggestion de pronom neutre remplaçant il [han, en suédois] et elle [hon] ». Ce nouveau pronom personnel permet donc de désigner une personne sans faire mention de son sexe. Ce pronom a déjà suscité de nombreux débats en Suède depuis qu’il était au centre d’un ouvrage pour enfants, le premier sexuellement neutre, et repris dans de nombreux médias. Hen est mentionné pour la première fois au milieu des années 1960 par des journalistes qui ne souhaitent plus utiliser le il/elle. Il sert désormais de cheval de bataille pour les partisans de la neutralité sexuelle.

Mais cette invasion politique dans la grammaire suédoise ne fait pas que des heureux selon Slate.fr. Comme Jan Guillou, l’un des plus célèbres écrivains suédois, qui évoque les partisans de « hen » comme des « militants féministes qui cherchent à détruire notre langue ».

Plus pervers, certains reprochent à cette neutralité de perturber les enfants dans leur recherche de genre ou de la sexualité. En leur évitant toute expression de genre et en souhaitant les éloigner de tout schéma normatif, et ce, y compris dans leur jeu et leur langage, cette neutralité poussée à l’extrême risquerait de les plonger dans un système qui, quoique différent, reste tout aussi contraignant.

Pour Lotta Rajalin, la directrice de l’école Egalia pionnière de l’école sexuellement neutre, ces attaques résultent d’un malentendu : l’école empêcherait les enfants d’être sexués. « L’idée, ce n’est pas que tous soient égaux, ni de les priver de quoi que ce soit, mais que l’enfant soit éduqué comme un individu unique. Nous n’avons pas l’intention de supprimer le sexe biologique. C’est sur le sexe ‘social’ que porte notre travail », fait-elle valoir dans le Courrier International.

LeVif.be

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