La Slovénie, le paradis secret des amateurs de vin

Le Vif

Encore largement ignorée sur la carte mondiale des vins, la Slovénie entend faire valoir son rang de très ancien terroir viticole en relançant une production de qualité, après plus de quatre décennies de collectivisme yougoslave.

Le secret est encore bien gardé parmi les connaisseurs : le vin slovène existe et compte parmi les productions promises à un bel avenir, en raison de sa typicité et de la variété de ses terroirs, au croisement des Balkans, de l’Italie, de la Hongrie et de l’Autriche. Les chercheurs l’affirment : la culture de la vigne dans la région remonte à l’époque celte, il y a 2.400 ans, soit avant l’invasion romaine. La légende locale soutient que des croisés, en route pour la Terre sainte, sont restés subjugués par la qualité du nectar local, au point de renoncer à poursuivre leur voyage, préférant s’établir sur place non sans avoir rebaptisé leur nouveau paradis « Jérusalem ».

Mais aujourd’hui, « personne ne connaît notre pays, notre nom, notre vin, nos cépages », note Tatjana Puklavec, responsable de la cave Puklavec and Friends à Ormoz, dans le nord-est de ce petit pays de 2 millions d’habitants. « Donc nous devons être les meilleurs », sourit la jeune femme, dont la maison symbolise le renouveau des vins slovènes.

Déclin et renaissance

Distribuée dans une vingtaine de pays et devenue le principal exportateur national, la cave n’a véritablement repris vie qu’en 2009, après avoir connu les avatars du communisme titiste. Mme Puklavec raconte que son grand-père Martin, établi dès les années 1930, avait fédéré dans les années 1950 une quarantaine de confrères pour créer une importante coopérative, qu’il avait fait équiper de chais sur sept niveaux. Avant d’être relégué à des tâches subalternes par les autorités communistes. La coopérative a ensuite progressivement décliné jusqu’à son rachat il y a une demi-douzaine d’années par le père de Tatjana Puklavec, Vladimir, qui s’était exilé en Allemagne où il a fait carrière. « En 2008, il a eu un coup de fil d’un ancien camarade de classe qui lui a dit que la cave était à vendre », évoque la jeune femme. La décision ne tarde pas : la famille rassemble le capital nécessaire et rachète la cave, qu’elle entreprend immédiatement de moderniser. Etrangers à la profession, les néo-vignerons embauchent un maître de chais, Mitja Herga. « Nous avons convenu que nous voulions produire des vins blancs frais, fruités et minéraux », rappelle Mme Puklavec. La société exploite aujourd’hui pas moins de 1.100 hectares de vignes et produit 65.000 hectolitres par an, soit environ 9% de la production nationale. Elle a notamment été référencée par le géant britannique de la distribution, Tesco.

Variété de climats et de sols

Mais malgré l’avènement d’une poignée de caves ambitieuses, la Slovénie exporte toujours moins de 10% de sa production : la grande majorité des viticulteurs possèdent moins d’un hectare de vigne et le vin est avant tout consommé localement, à raison de 39 litres par an et par habitant. Spécialisé dans les vins blancs, le pays offre – malgré sa petite taille – une grande diversité de climats et de sols, des bords de l’Adriatique aux contreforts alpins. Et il dispose d’une grande variété de cépages. Outre les incontournables sauvignon, chardonnay, pinot blanc et autres pinots gris, il se prête notamment à la culture du welschriesling et du sipon, la variété locale du célèbre furmint (tokay) hongrois, ce qui ouvre la porte à des assemblages et à des goûts inconnus aux palais étrangers. « Des oenologues nous ont confié : +Je ne peux même pas dire à quoi cela me fait penser car c’est tout à fait unique. Enfin quelque chose de neuf en provenance du Vieux continent !+ », raconte Mme Puklavec, dont les vins s’exportent aussi bien à New York qu’à Sao Paolo. La maison n’a toutefois pas complètement tourné le dos à ses années yougoslaves : ses gigantesques chais conservent quelque 270.000 bouteilles issues des meilleurs millésimes, dont un sauvignon de 1956 dont la famille veut croire qu’il a été vendangé par Martin Puklavec lui-même.

Avec l’AFP

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