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« La santé déclinante d’Hillary »: la rumeur non fondée de Trump

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

C’est une rumeur fondée sur rien. Elle est même démentie. Qu’importe, cela n’empêche pas Donald Trump de l’utiliser sans aucune preuve pour l’étayer: Hillary Clinton serait gravement malade.

Donald Trump, qui a lui-même été qualifié par son propre médecin de candidat le plus en bonne santé de tous les temps, là aussi sans preuve, est un champion du marketing lorsqu’il s’agit de contrer ses adversaires. Le ‘low energy’ Jeb Bush (Bush le mou) ou ‘Liddle Marco’ (Rubio) en passant par ‘Lyin’ Ted’ (Cruz) ,il a croqué de façon cruelle ses adversaires pour mieux les terrasser. Jeb Bush aura beau se mettre au jogging et boire des litres de café. Rien n’y fit. L’image de mou lui colle désormais à la peau.

Avec Hillary Clinton, c’est plus compliqué. En partie parce que son image est déjà définie. Le terme « crooked Hillary » (Hillary la malhonnête), ne fera pas mouche. Du coup Trump a dû sortir l’artillerie lourde, comprenez : calomnieuse. Ce n’est pas une première. Il avait déjà suggéré que le père de Ted Cruz était lié au meurtre de Kennedy en se basant sur le très peu sérieux The National Enquirer. Aujourd’hui, il se concentre sur les baisses d’activité de la candidate démocrate. Il avance que cette dernière doit se reposer trois jours après chaque discours. Des discours qu’il trouve particulièrement courts. « Vous ne trouvez pas ? » demande-t-il à la foule.

Qu’importe si le rapport médical d’Hillary Clinton est presque impeccable et si elle est, selon ces mêmes rapports, tout à fait apte à être présidente des États-Unis, Trump ne cesse de sous-entendre qu’elle n’a pas l’endurance nécessaire.

Les rumeurs concernant la santé de Clinton ont commencé au début de l’été. Une des rumeurs annonçait qu’un républicain était prêt à payer des millions pour voir les données médicales détaillées de la candidate. La BBC a repris toutes ces rumeurs en une liste, en notant au passage que Trump était amateur de théorie du complot.

En réalité, il n’y a qu’un seul fait dont on est sur: en 2012, Clinton s’est fait opérer pour un caillot de sang à la tête. Elle était tombée dans les pommes après avoir été affaiblie et déshydratée par des troubles intestinaux. Lors de sa chute, elle s’était cogné la tête et avait souffert d’une commotion cérébrale. Lors des analyses, les médecins s’étaient rendu compte qu’un caillot s’était formé derrière l’oreille droite. Après sa commotion, elle a souffert d’une vision double et portait des lunettes adaptées. Les médecins affirment qu’elle s’est totalement rétablie peu de temps après l’opération. Elle est retournée travailler un mois après sa chute.

L’étrange convulsion

Les rumeurs annonçant qu’elle garderait des séquelles de cet accident ont refleuri au début de l’été sous le hashtag #HillaryHealth. Dans un clip, on voit Hillary faire un mouvement un peu saccadé, une convulsion qui fera dire à certains que c’est bien le signe d’une attaque.

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Ou encore une photo où on voit que la candidate est aidée après avoir glissé. Sauf que cette photo date de février et que la candidate a continué comme si de rien n’était sa campagne.

Le 8 août, The National Enquirer publie un article sur la santé de Clinton. Le Enquirer soutient pour la première fois un candidat, et ce candidat se trouve être Trump.

Entre le 8 et 11 août, Sean Hannity, le présentateur le plus pro-Trump de Fox News, a fait de la santé d’Hillary Clinton son sujet de prédilection en assenant au passage d’allégations non vérifiées ou en faisant appel à des médecins qui n’ont pas accès à des informations de première main.

Jeffrey Lord, le bras droit de Trump, a lui aussi fait part de ses craintes sur la santé de Clinton sur CNN.

Reste à savoir si la santé de Clinton, et tant pis si c’est faux, aura un impact sur la campagne. Rien n’est moins sûr, mais une chose est certaine: la bassesse est de mise.

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