La loi "Terre du peuple" vise à repeupler les zones les plus à l'est de la Russie © REUTERS

La Russie propose gratuitement des hectares de terre en Sibérie Orientale

Stagiaire Le Vif

En vertu de la loi  » La terre au peuple  » promulguée le 2 mai par Vladimir Poutine, tout citoyen de Russie pourra, à partir de février 2017, acquérir gratuitement un hectare de terre dans l’une des neuf régions ou républiques de l’Extrême-Orient russe.

Chaque personne intéressée par ce programme pourra devenir propriétaire gratuitement d’un hectare de terre, sans devoir payer de taxes pendant cinq ans. La seule condition nécessaire à l’acquisition est de travailler et faire fructifier la terre, sous peine de confiscation.

Cette loi s’inscrit dans une politique globale qui vise à relancer l’économie de l’Extrême-Orient russe, la partie asiatique de la Russie, mais aussi à aider au repeuplement de cette région, qui a perdu plus de deux millions d’habitants en 25 ans. En effet cette région s’étend sur près de sept millions de kilomètres carrés, ce qui représente quasiment un tiers du territoire russe, mais n’accueille que 5% de la population totale du pays. En parallèle, des mesures pour baisser le coût d’électricité dans la région et l’ajuster avec le coût moyen du pays ont été lancées, a annoncé mercredi le ministre russe pour le développement de l’Extrême-Orient, Aleksandr Galushka lors d’une rencontre avec Vladimir Poutine.

Des terres fertiles malgré un climat glacial

Au total neuf régions ou républiques sont concernées par ce programme parmi lesquelles les régions du Kamtchatka, Primorié, Khabarovsk, Amour ou encore la région autonome juive. Le gouvernement russe souhaite par ailleurs maintenir sa position de leader mondial en tant qu’exportateur de blé, en multipliant le nombre d’agriculteurs dans cette contrée orientale. En effet, malgré un climat rude et glacial, les étendues de terre proposent une abondance de ressources naturelles. À terme, le projet pourrait permettre de multiplier la population par six et atteindre 36 millions d’habitants par rapport aux 6,4 millions actuels.

Implicitement, cette loi permettrait aussi de lutter contre « l’invasion » des Chinois dans cette région. En 2015, environ 1,5 millions de chinois avaient franchi la frontière pour s’installer sur ces terres. Des arrivées qui s’expliquent par des raisons démographiques, le taux de naissance étant bien plus élevé du côté chinois de la frontière que du côté russe, qui est lui sur le déclin, et cela avait favorisé l’arrivée et l’émergence d’une communauté chinoise de plus en plus importante. Ces arrivées massives, qui avaient compensé le déclin en termes de main-d’oeuvre, n’étaient pas vues d’un bon oeil par la grande majorité de la population locale. Ces derniers ont peur que, sur le long terme, l’héritage et la culture russe disparaissent dans cette partie du pays.

Le succès du projet loin d’être garanti

Enfin, cette initiative n’est pas sans rappeler le projet du célèbre Premier ministre réformateur Piotr Stolypine au début du XXe siècle. Entre 1906 et 1917, sa réforme des terres avait permis le déplacement de trois millions de paysans, ce qui avait eu un effet bénéfique pour l’économie et la démographie dans ces régions éloignées. Néanmoins, la situation est loin d’être identique actuellement. À l’époque les paysans représentaient la grande majorité de la population russe, or aujourd’hui 70% de la population est urbaine et l’Etat ne prendra pas en charge les voyages, contrairement à 100 ans auparavant. Il n’est donc pas du tout certain que le succès soit au rendez-vous

Par F. Ca.

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