Choi Soon-sil © REUTERS

La « Raspoutine » sud-coréenne snobe les députés jusque dans sa prison

La femme au coeur de la crise politique sud-coréenne, surnommée « Raspoutine » par les médias, a refusé lundi de sortir de sa cellule pour être entendue par les députés venus l’interroger dans sa prison.

Choi Soon-Sil, vieille amie de la présidente Park Geun-Hye, est actuellement poursuivie pour extorsion et abus de pouvoir, soupçonnée d’avoir profité de ses relations pour extorquer des sommes astronomiques aux conglomérats sud-coréens. Elle concentre la colère d’une population scandalisée par cette nouvelle affaire de corruption.

Chaque samedi, des manifestants exigent le départ de la présidente, menacée par ailleurs de destitution. Les membres d’une commission parlementaire menant une enquête sur ce scandale retentissant ont plusieurs fois tenté d’entendre Mme Choi. Mais celle-ci n’a pas répondu à plusieurs de leurs convocations, ce qui a poussé les élus à se rendre eux-mêmes dans la prison pour l’entendre.

Une audition retransmise à la télévision était donc prévue lundi dans le centre de détention, situé en banlieue de Séoul. Mais les élus ont fait le voyage pour rien car Mme Choi a refusé de sortir de sa cellule, de même que deux anciens conseillers de la présidente qui les ont également snobés. « Il est regrettable que les témoins méprisent l’autorité du peuple et le parlement en se soustrayant à leur obligation de témoigner », a déclaré le président de la commission, Kim Sung-Tae. On ne peut légalement contraindre un témoin à se présenter devant une commission d’enquête parlementaire. Mais refuser d’honorer une telle convocation est passible de poursuites pour outrage et d’une peine de cinq ans de prison.

« Choi Soon-Sil est au coeur de l’enquête parlementaire », a rappelé Jung You-Sub, du parti Saenuri de Mme Park. « Sa non-présentation (devant la commission) n’est pas justifiée. Le peuple veut la vérité. » Les plus grands patrons ont été cuisinés par cette commission. S’ils ont démenti avoir troqué de l’argent contre des faveurs, ils ont laissé entendre qu’ils étaient régulièrement l’objet de pressions des autorités.

Dimanche, Mme Choi a été entendue par les magistrats menant l’enquête judiciaire sur le scandale. Dans cette affaire, Mme Park est soupçonnée de « collusion ». L’Assemblée nationale a voté le 9 décembre une motion de destitution de la présidente, qui doit encore être entérinée par la Cour constitutionnelle dans un délai de 180 jours.

Mme Park, qui dans ce laps de temps n’a plus de présidentiel que le titre, quitterait pour de bon la « Maison Bleue » et une présidentielle anticipée serait organisée dans les 60 jours, c’est-à-dire peut-être dès la fin mars. (Belga)

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