Giorgos Stathakis © Reuters

« La quasi-totalité des indécis sont des électeurs de Syriza »

Le Vif

Talonné par l’opposition de droite, le parti grec de gauche radicale Syriza du Premier ministre sortant Alexis Tsipras espère reconquérir le pouvoir aux législatives du 20 septembre grâce à un sursaut des indécis, analyse pour l’AFP l’ex-ministre de l’Economie, Giorgos Stathakis.

Les derniers sondages vous mettent au coude à coude avec la droite, alors que Syriza partait favori pour ce scrutin, précipité par son chef, Alexis Tsipras, après la rébellion de l’aile gauche du parti contre l’accord avec les créanciers UE-FMI. Comment espérez-vous remonter la pente?

Il était clair d’emblée que ce serait un combat électoral difficile. Mais nous ne pouvions pas gouverner sans nouveau mandat politique, après la scission au sein du parti. La quasi-totalité des indécis sont des électeurs du Syriza, il est donc logique de tabler sur un sursaut quand ils seront devant l’urne, et nous n’escomptons pas de grosses pertes au profit d’Unité populaire (les scissionnistes).

Syriza exprime une volonté de rupture politique avec l’ancien système et les vieilles pratiques, nous sommes là pour rester, en maintenant notre profil de gauche radicale. Et si les citoyens ne nous donnent pas une majorité absolue, nous trouverons des solutions d’alliance. Mais nous rejetons clairement l’idée d’une grande coalition avec la droite (suggérée par le leader du parti de droite Nouvelle démocratie Vangelis Meïmarakis, ndlr). Cela ne serait pas viable, nos programmes sont radicalement différents.

Les déçus de Syriza vous reprochent d’avoir trahi vos engagements de mettre fin à l’austérité et la tutelle des créanciers, les partenaires européens restent méfiants, de quelle marge de manoeuvre disposeriez-vous en cas de victoire?

Il n’y a aucun doute que certains en Europe avaient investi dans l’idée que le gouvernement Syriza serait une simple parenthèse. Mais le climat s’est amélioré, nous allons travailler ensemble.

Nous revendiquons de grandes marges de manoeuvre pour gouverner. Sur beaucoup de points sensibles — l’exploitation du patrimoine public, l’endettement des ménages et des entreprises, les assurances sociales, le rétablissement des négociations collectives….– la négociation va se poursuivre.

Il y a bien sur une surveillance de la part des créanciers, mais sur des sujets précis, qui ne couvrent pas tout le travail du gouvernement. Et il nous reste à faire toutes ces grandes réformes, dans l’administration, la santé, l’éducation, la protection sociale, en rupture avec l’ancien système.

La Grèce est en première ligne dans l’actuelle crise des réfugiés, avec depuis janvier plus de 230.000 arrivées et aucun signe de tarissement des flux. Comment le pays peut-il faire face une fois que les frontières européennes commenceront à se refermer?

Il n’y a pas de solutions simples. Pendant des années, l’UE a affiché une totale indifférence, ou s’est seulement préoccupée de renforcer les frontières, mais sans prendre en compte la dimension du problème. Ces dernières semaines, beaucoup de pas positifs ont été faits. L’Europe doit continuer à travailler dans cette direction. Cette crise peut faciliter les choses pour la Grèce, en montrant qu’il faut un traitement au niveau européen, sans que le pays soit à nouveau pris au piège. Tout le monde sait que ces gens ne veulent que traverser la Grèce, en route pour ailleurs.

Avec l’AFP

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