Emmanuel Macron © REUTERS

La presse belge salue la victoire d’Emmanuel Macron

La victoire du centriste Emmanuel Macron à l’élection présidentielle française a inspiré les éditorialistes de la presse francophone belge.

Dans Le Soir, Béatrice Delvaux loue ainsi l’audace d’Emmanuel Macron, « le président de la France incontestable » et « inimaginable », qui a su dynamiter le système politique français. « Ceux qui prédisent l’enfer à celui vient d’être élu, doivent reconnaître qu’il a remporté jusque là tous les défis qu’il s’est fixés, sans jamais les esquiver », poursuit-elle. « Le dernier étant crucial pour nos démocraties : ce dimanche, Emmanuel Macron a battu sèchement l’extrême droite. »

L’éditorialiste souligne également la nécessité pour le nouveau président de remporter les législatives en obtenant une majorité claire « pour éviter d’être un président émasculé, à peine élu et déjà otage des petits jeux d’autres formations politiques ».

Francis Van de Woestyne dans La Libre se félicite du « signal très positif à l’Europe et au monde » lancé par les Français. « En élisant à l’Elysée un garçon de 39 ans, fils de la République, symbole de l’ascension provinciale, partisan d’une Europe forte et conquérante, les Français ont tourné le dos au pessimisme, à l’immobilisme. » Il pointe les défis que le nouveau locataire de l’Elysée devra relever. « La France est divisée : cette élection a connu un taux d’abstention, de votes blancs et nuls exceptionnellement élevé. »

La DH met elle aussi le doigt sur la besogne herculéenne qui attend le nouveau chef d’Etat. « La tâche du nouveau président est immense face à cette France profonde qui n’a cessé de crier sa colère tout au long de la campagne, et qui a été nombreuse à préférer soutenir une candidate dont le programme attisait les peurs des Français ballottés par les affres de la mondialisation et de la précarité quotidienne », écrit Patrick Dath-Delcambe.

Pourtant, le candidat d’En Marche! « ne peut même pas se reposer sur un parti fort », relève Demetrio Scagliola dans les titres Sudpresse. « Paradoxalement, cette absence de pilier politique traditionnel peut être une chance pour le nouveau président français », avance le rédacteur en chef adjoint qui recommande que l’équipe de Macron ne devienne pas « le pantin des partis de droite et de gauche ».

Dans L’Echo, « la démocratie triomphe. Moins qu’en 2002 – le père de Marine Le Pen avait été tenu sous la barre des 20% », écrit Joan Condijts. Selon ce dernier, « Emmanuel Macron dispose de cinq ans pour convaincre la majorité des électeurs français de ne pas succomber en 2022, lors des prochaines élections pour l’Elysée, aux sirènes des extrêmes, de droite comme de gauche, et de poursuivre sur la voie des valeurs démocratiques. » « La tâche est lourde, la gageure grave mais Emmanuel Macron bénéficie d’un climat économique nettement plus printanier que ces deux prédécesseurs », ajoute Joan Condijts. « Dès septembre prochain, lorsque les deux inconnues, parlementaire et allemande, auront été levées, Emmanuel Macron disposera d’un peu moins de cinq ans pour se montrer à la hauteur du mandat que des millions d’électeurs lui ont confié », conclut-il.

Enfin, Thierry Dupièreux dans L’Avenir point « le virage périlleux » qui attend le président élu. « Pour Emmanuel Macron, la victoire de ce dimanche soir n’est que le début d’une nouvelle campagne. Celle pour les législatives. Depuis 2002, ce deuxième scrutin n’a été généralement qu’une sorte de confirmation de l’élection présidentielle. À chaque fois, c’est la couleur du nouveau locataire de l’Élysée qui a teinté l’Assemblée nationale. La victoire du leader d’En Marche! rebat évidemment les cartes », écrit l’éditorialiste selon qui « c’est une nouvelle page de l’histoire politique française qui s’écrit ». « Un virage doit se négocier avec intelligence et anticipation, avec le regard fixé sur le tableau de bord. Et qu’indiquent les cadrans sur celui-ci? Des chiffres plutôt interpellants. Ceux de l’abstention par exemple », poursuit-il en pointant également le score de Marine Le Pen. « Tout cela fait que la victoire d’Emmanuel Macron est plus un début qu’un aboutissement. Campagne difficile à mener sur le court terme, promesses de renouveau essentielles à tenir sur le long terme, le président Macron désormais au volant d’une France divisée devra montrer qu’il a suffisamment de carrure pour éviter la sortie de route », conclut Thierry Dupièreux.

« Et maintenant? » s’interroge pour sa part la presse flamande, estimant que si l’Europe respire après le second tour de l’élection présidentielle française, la candidate d’extrême droite Marine Le Pen n’en sort pas pour autant perdante.

« La question est: quoi maintenant », écrit Jean Vanempten dans De Tijd. « Macron dispose désormais de six semaines pour faire de son mouvement En Marche! un parti qui peut remporter les élections législatives », relève-t-il.

Dans Het Nieusblad, Liesbeth Van Impe estime qu’Emmanuel Macron devra se soucier des Français dans le doute. « Ils sont trop souvent laissés à l’abandon par la politique et ses représentants classiques ».

Dans De Morgen, Bart Eeckhout note qu’il est attendu que le nouveau président « secoue le système politique français », jugeant qu’un mandat clair à cet effet lui a été confié par les électeurs. Enfin, Luc Van der Kelen dans Het Laatste Nieuws pointe que « le soulagement est grand dans l’UE », mais que la question demeure « si le président Macron peut faire face à Angela Merkel. »

Contenu partenaire