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La populiste Virginia Raggi, première femme à devenir maire de Rome

Le Vif

Virginia Raggi, la candidate populiste du Mouvement 5 Etoiles, a été triomphalement élue dimanche maire de Rome – une première pour une femme – en infligeant un véritable camouflet au Parti démocrate (PD) du chef du gouvernement Matteo Renzi.

Les résultats partiels, après dépouillement dans 80% des bureaux de vote, accordent à cette avocate de 37 ans 67,2% des voix selon des résultats quasi-définitifs, loin devant Roberto Giachetti, le candidat du PD (centre-gauche).

A Turin (nord-ouest), une autre novice du MS5, Chiara Appendino, 31 ans, a détrôné avec 54% l’expérimenté maire sortant Piero Fassino, une figure du PD, qui a dénoncé l’appel de la Ligue du Nord de Matteo Salvini, allié du Front national français, à voter pour les deux candidates du M5S afin de battre M. Renzi.

En revanche à Milan (nord), la capitale économique du pays, le candidat du PD Giuseppe Sala, ancien commissaire de l’Exposition universelle, l’a emporté avec 51,7% des voix.

Le parti de M. Renzi se maintenait aussi à Bologne (centre), un fief historique de la gauche, mais n’était même pas au second tour à Naples (sud-ouest), où le maire sortant Luigi De Magistris, homme de gauche atypique et ennemi juré de M. Renzi, a été largement réélu.

Pour ces élections partielles, qui concernaient près de 9 millions d’électeurs dans un peu plus d’une centaine de villes, la participation, déjà en berne au premier tour, a accusé un nouveau coup, à Rome comme ailleurs, dépassant à peine les 50% selon le ministère de l’Intérieur.

Devant la presse, Mme Raggi a évoqué « un moment historique fondamental, qui marque un tournant: pour la première fois, Rome a une femme maire, à une époque où l’égalité des chances est encore une chimère ».

La jeune femme s’est engagée à « ramener la légalité et la transparence dans les institutions après 20 ans d’incurie et de Roma Capitale », du nom d’un vaste réseau de corruption mis au jour en 2014 dans la Ville éternelle.

« Maitenant au travail, il y a tant de problèmes (… mais) je suis prête à gouverner », a-t-elle lancé.

Rendez-vous au référendum

Pendant sa campagne, elle est cependant restée discrète sur son programme pour redresser une ville étouffée par une dette de plus de 12 milliards d’euros. Une chose est sûre cependant: la candidature de Rome pour les JO-2024, en concurrence avec Paris, Los Angeles et Budapest, ne sera pas une priorité.

Autre inquiétude: Mme Raggi n’a présenté que de rares têtes de sa future équipe. Ce dernier point est pourtant crucial, l’absence de cadres ayant fait leurs gammes dans la gestion politique au quotidien étant l’une des raisons du bilan mitigé du M5S dans les villes de moindre envergure déjà conquises, comme Parme ou Livourne.

« Tous les autres ont échoué, on espère qu’eux, ils y arriveront », déclarait dans la matinée à l’AFP Aldo, un retraité de 72 ans, après avoir voté M5S à Rome.

Si la lune de miel entre M. Renzi et les électeurs italiens semble bel et bien terminée, une analyse nationale des résultats restera délicate: le M5S était absent à Naples, Bologne et Milan, la droite déchirée à Rome mais unie à Milan.

Pendant des semaines, le chef du gouvernement a d’ailleurs tenté de minimiser la portée du scrutin en répétant que « la mère de toutes les batailles » politiques restait pour lui le référendum prévu en octobre sur sa réforme constitutionnelle. Il s’est engagé à démissionner en cas d’échec.

Le M5S y compte bien. Fondé en 2009 et devenu le deuxième parti du pays avec 25% des voix dès les législatives de 2013, il pioche dans ses propositions à droite comme à gauche, y compris dans les extrêmes, et continue de tisser sa toile aux élections locales en s’appuyant inlassablement sur la dénonciation d’une classe politique malhonnête.

« Nous sommes prêts à gouverner le pays », a répété dimanche soir le jeune Luigi di Maio, dauphin pressenti de Beppe Grillo à la tête du mouvement. « Et les Italiens nous reconnaissent la capacité de gouverner. Maintenant c’est à Rome et à Turin, après ce sera le tour du reste du pays ».

Le M5S, ovni politique à l’assaut de l’Italie

Le Mouvement 5 Etoiles (M5S), lancé par l’humoriste italien Beppe Grillo pour en finir avec la classe politique traditionnelle, est aujourd’hui la deuxième force politique du pays et la première à Rome, où sa candidate a été élue maire dimanche.

Crinière blanche et harangues furieuses contre « le système », Beppe Grillo a commencé par organiser en 2007 des manifestations massives contre la classe politique intitulées « Vaffanculo Day » (Journée du « va te faire foutre »).

ParaLe M5S est né en 2009 de ce ras-le-bol général, quand le blog de Beppe Grillo s’est mué, sous l’impulsion du co-fondateur Gianroberto Casaleggio – considéré jusqu’à sa mort en avril comme le « gourou » du mouvement -, en un espace de démocratie participative directe, où les militants sont invités à se prononcer sur les orientations politiques et à choisir les candidats.

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