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La politique française envers les Roms inquiète la Roumanie et la Commission européenne

Les critiques à l’encontre de la politique française à l’égard des Roms se multiplient en Roumanie. Le ministre roumain des Affaires étrangères, Teodor Baconschi, s’est dit mercredi inquiet des « risques de dérapage populiste » et de « réactions xénophobes » que pouvaient engendrer les mesures prises par la France. La Commission européenne, de son côté, compte bien s’assurer que les expulsions respectent les règles.

Dès demain, la France renverra 79 Roms vers la Roumanie. Pour la première fois depuis le durcissement de la politique sécuritaire du président français Nicolas Sarkozy, M. Baconschi a haussé le ton : « J’exprime mon inquiétude sur les risques possibles de dérapages populistes et de réactions xénophobes sur fond de crise économique », a-t-il déclaré à la radio RFI Roumanie. Les ONG roumaines de défense des Roms avaient déjà exprimé des craintes similaires en début de semaine.

Paris compte renvoyer 700 Roms roumains et bulgares, qui vivent dans l’illégalité, d’ici fin août. Selon M. Baconschi, une coopération réelle entre Paris, Bucarest et l’Union européenne, est nécessaire pour résoudre les problèmes de pauvreté, d’accès aux soins de santé et d’éducation de cette communauté, composée d’environ 10 millions de personnes, partout en Europe. « La Commission européenne a défendu de façon constante et continue de défendre la nécessité d’une intégration sociale » des Roms dans tous les pays de l’Union, a indiqué de son côté Amelia Torres, porte-parole de la Commission.

51 camps de Roms démantelés

Le nombre de camps de Roms démantelés en trois semaines annoncé par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, laisse perplexe. En effet, il y a une semaine, le ministre annonçait le démantèlement de 40 camps illégaux.

Alors qu’englobent les chiffres avancés par Brice Hortefeux? Le ministre comptabilise-t-il uniquement les expulsions de Roms ou inclut-il aussi le délogement des gens du voyage? Selon certaines informations régionales, les expulsions de Roms n’atteindraient pas les 51 camps annoncés, même pas les 40 opérations de base d’ailleurs.

Au ministère de l’Intérieur, on évite la question et on maintient le mystère autour des 51 camps démantelés. « On ne diffuse pas la liste de ces camps », répète en boucle le pôle communication du cabinet. Mais ce manque de transparence peut paraître étrange alors que le gouvernement français multiplie les actions médiatiques depuis fin juillet.

De leur côté, les associations de soutien aux Roms regardent avec scepticisme les chiffres du ministère de l’Intérieur. « Je ne sais pas ce que le ministère comptabilise dans ces chiffres… mais ça me paraît beaucoup 51 camps démantelés en trois semaines », analyse Michèle Mezard, responsable de Roms Europe. « De toute façon, cette mobilisation autour des Roms relève uniquement d’une prise de position politique. Mais ce qui est grave, c’est que l’on jette hors de France des ressortissants européens! »

Des expulsions surveillées de près

M. Baconschi souhaite avant tout que la légalité soit respectée pour chacune des « expulsions » effectuées par la France. La France « doit respecter les règles concernant la liberté de circulation et la liberté d’établissement » des citoyens européens, a rappelé le porte-parole de la commissaire européenne chargée de la Justice et des droits fondamentaux des citoyens européens, Viviane Reding. Le porte-parole, Matthew Newman, a reconnu que les Etats avaient la possibilité de restreindre la liberté de circulation à certaines conditions. Mais, a-t-il ajouté, la Commission européenne suit la situation « très attentivement » pour vérifier si toutes les règles ont été respectées.

Afin de coordonner au mieux les politiques de chaque pays envers les Roms, deux secrétaires d’Etat roumains se rendront à Paris le 30 août. Ce sera ensuite au tour du ministre français de l’Immigration, Eric Besson, et de M. Lellouche, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, de se rendre à Bucarest en septembre

Le Vif.be, avec Belga

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