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La plus grosse page Facebook soutenant le mouvement ‘Black Lives Matter’ est fausse

Pendant au moins un an, la plus grosse page Facebook soutenant le mouvement américain ‘Black Lives Matter’ était une arnaque liée à un homme en Australie, a révélé lundi CNN.

La page, intitulée ‘Black Lives Matter’, était reliée à des collectes de fonds qui ont ramené au moins 100.000 dollars (environ 81.000 euros), supposément reversés à la cause du mouvement de lutte contre la violence et le racisme envers les Noirs aux Etats-Unis. Au moins une partie de cette somme a toutefois été transférée vers des comptes en banque australiens, a appris la chaîne de télévision en continu CNN.

La fausse page, qui semble avoir été créée en 2016, rassemblait près de 700.000 fans, soit deux fois plus que la page officielle du mouvement. Elle a depuis été supprimée par Facebook, tout comme le compte de l’utilisateur qui l’administrait. Elle avait toutefois déjà été désactivée, peu après que CNN a contacté un Australien qui y serait associé.

Les responsables de cette arnaque ont également créé un groupe Facebook très populaire, lui aussi nommé ‘Black Lives Matter’, qui compte près de 40.000 membres.

La page renvoyait constamment vers des sites webs liés à Ian Mackay, un représentant du syndicat australien National Union of Workers. Un porte-parole du syndicat a indiqué mardi que l’homme avait été suspendu ainsi qu’un autre représentant, le temps d’une enquête. Le syndicat « n’est pas impliqué et n’a autorisé aucune activité en référence aux allégations de CNN », a souligné le secrétaire national du syndicat, Tim Kennedy.

Lorsque CNN a interrogé M. Mackay, il a nié être lié à cette affaire. La page Facebook était désactivée quelques heures plus tard.

Ces sites web et la fausse page poussaient également aux dons, en renvoyant vers différentes collectes sur des plateformes en ligne telles que Donorbox, Classy, PayPal ou Patreon. Tous les comptes liés à ces récoltes d’argent ont depuis été suspendus. Selon plusieurs sources, au moins un compte était lié à une adresse IP et un compte en banque australiens. Ces sources mentionnent également à CNN la somme de 100.000 dollars récoltée par les arnaqueurs.

La chaîne de télévision américaine en continu estime que sa découverte soulève de nouvelles interrogations sur l’intégrité de Facebook et sur le contenu qui y est posté alors que le CEO du réseau social Mark Zuckerberg doit témoigner devant le Congrès américain cette semaine, dans la foulée du scandale Cambridge Analytica, cette entreprise accusée d’avoir recueilli sans leur consentement les informations personnelles de millions d’usagers de Facebook.

Le réseau social a par exemple attendu une semaine après que CNN l’eut informé de l’arnaque pour suspendre la page et le compte de l’administrateur.

Les révélations posent aussi des questions sur l’engagement de Facebook à changer et à surveiller son réseau, soulève CNN. Ce n’est pas la première fois que Facebook agit non pas de son propre chef mais en raison des investigations menées par des journalistes, insiste le média américain.

En outre, Patrisse Cullors, l’une des fondatrices de Black Lives Matter, a affirmé à CNN qu’il y a plusieurs mois, le mouvement suspectait que la page en question était fausse et avait contacté Facebook pour qu’il la supprime.

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