Nicolas Sarkozy lors d'un meeting le 14 février 2016 © Reuters

La menace d’un procès pèse sur les ambitions de Sarkozy

Le Vif

Engagé dans la primaire de la droite française pour la présidentielle de 2017, Nicolas Sarkozy voit ses ambitions de reconquête du pouvoir assombries par la menace d’un procès.

Le parquet de Paris a requis fin août le renvoi devant un tribunal correctionnel de l’ex-chef d’Etat et treize co-inculpés dans une affaire de financement illégal de la campagne perdue pour sa réélection en 2012, a-t-on appris lundi de sources judiciaire et proche de l’enquête.

Nicolas Sarkozy, mis en examen (inculpé) depuis février, se voit notamment reprocher « d’avoir dépassé le plafond des dépenses » autorisées et « fait état » dans ses comptes « d’éléments comptables sciemment minorés », selon l’une de ces sources.

Les juges d’instruction doivent observer un délai d’un mois pour se prononcer sur la demande du parquet. Cela laisse le temps aux parties de déposer d’éventuels recours susceptibles de rallonger les délais. L’ex-président peut aussi bénéficier d’un non-lieu.

Son avocat, Me Thierry Herzog, a dénoncé « une nouvelle manoeuvre politique grossière ».

Un de ses principaux soutiens, Laurent Wauquiez, à qui M. Sarkozy a confié les rênes de son parti le temps de la primaire, s’est élevé contre une « volonté de déstabilisation » nourrissant « les soupçons d’instrumentalisation de la justice ».

Le calendrier est un enjeu majeur pour M. Sarkozy: l’hypothèse est réelle d’une décision de renvoi en procès avant la primaire de l’opposition de droite pour la présidentielle du printemps prochain.

Une telle issue menacerait d’autant plus ses ambitions de reconquérir l’Elysée, qu’il est déjà inculpé de corruption et trafic d’influence dans un autre dossier, soupçonné d’avoir tenté d’obtenir d’un magistrat des informations secrètes dans une procédure le concernant.

La primaire de la droite est prévue les 20 et 27 novembre et depuis son entrée en lice le 22 août, les embarras judiciaires de Nicolas Sarkozy lui ont valu des attaques récurrentes de la part d’un de ses rivaux, son ancien Premier ministre François Fillon.

« L’exemplarité est nécessaire pour gouverner notre pays (…), après chacun naturellement est devant sa conscience et doit agir en fonction de ce principe », a réaffirmé ce dernier lundi.

« Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? « , s’était déjà interrogé fin août François Fillon.

Le principal adversaire de Nicolas Sarkozy pour la primaire de droite est un autre ex-Premier ministre, Alain Juppé, donné gagnant au second tour par les sondages et qui s’est refusé jusqu’ici à commenter sa situation.

Alain Juppé a lui-même eu maille à partir avec la justice française au début des années 2000 dans une autre affaire de financement politique, écopant après appel d’une peine de prison avec sursis et d’un an d’inéligibilité qui l’avait conduit à l’époque à quitter la politique et s’exiler temporairement au Canada.

Une douzaine d’années plus tard, l’opinion ne lui tient cependant plus rigueur de cette condamnation passée. Les enquêtes font de lui depuis des mois le favori pour succéder à l’Elysée dans huit mois au socialiste François Hollande, très impopulaire.

La procédure qui menace Nicolas Sarkozy porte sur un vaste système de fausses factures destiné à dissimuler un dépassement massif de 18,5 millions d’euros du plafond des dépenses autorisées pour sa campagne présidentielle de 2012, qui était fixé à 22,5 millions.

Outre l’ex-chef de l’Etat, le parquet de Paris a demandé le renvoi en procès de 13 autres personnes pour des délits de faux, abus de confiance, escroquerie ou complicité et complicité de financement illégal.

Parmi elles, figurent d’anciens cadres de l’UMP, le parti de M. Sarkozy rebaptisé aujourd’hui Les Républicains, des responsables de sa campagne présidentielle 2012, et des dirigeants de la société de communication Bygmalion, dont une filiale organisait ses meetings.

Nicolas Sarkozy n’est pas mis en cause pour avoir eu connaissance de la fraude. Mais il est soupçonné d’avoir engagé des dépenses supplémentaires en réclamant de nouveaux meetings, alors qu’il ne pouvait ignorer que son budget allait franchir la ligne rouge.

L’ancien président avait été destinataire de notes d’experts-comptables l’alertant sur ce risque. Il a toujours contesté un dérapage de ses dépenses.

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