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La lutte des Tunisiens contre la corruption

Un réseau de lutte contre la corruption vient de voir le jour, et un texte circule qui détaille l’empire que s’était taillé le clan Ben Ali dans les différents secteurs de l’économie.

La mainmise de pans entiers de l’économie tunisienne par la famille de l’ex-chef de l’Etat et de son épouse a sans aucun doute puissamment contribué à transformer la révolte en révolution. « Ils ont volé la Tunisie ! »: du chauffeur de taxi au professeur d’université, l’accusation revient comme un leitmotiv. Le gouvernement de transition a promis une enquête et nommé dans ce but une commission placée sous la présidence du juriste Abdel Fattah Amor. Mais la société civile entend montrer qu’elle reste vigilante.

A l’initiative de l’avocate Alya Cherif Chammari, un Réseau national de lutte contre la corruption vient de naître qui s’est fixé pour objectif de rassembler, dans tout le pays, des informations et des preuves. Autre initiative, individuelle celle-là: depuis le 12 janvier circule à Tunis un document d’une trentaine de pages intitulé « la véritable nature du régime de Ben Ali ». Il porte la signature d’Abdelaziz Belkhodja, un écrivain tunisien, fils de l’ancien ministre des affaires étrangères Hassan Belkhodja. Il s’agit d’une liste, présentée comme non exhaustive, des avoirs du clan Ben Ali dans les différents secteurs de l’économie: banques, médias, transports, téléphonie, immobilier, grande distribution… Un travail « citoyen » qui permet de mesurer l’ampleur de l’empire acquis par les différentes branches de la tribu: les frères et soeurs de l’ex-président et de son épouse, leurs enfants, les filles et les gendres…

Ce document n’est pas le premier. Au milieu des années 1990 un texte intitulé « Les familles qui pillent la Tunisie » avait circulé en Tunisie sous le manteau, avant d’apparaître dans les rédactions parisiennes. Il était anonyme et personne n’avait alors pris le risque de le publier. Aujourd’hui, le nom de son auteur, décédé il y a quelques mois, peut être dévoilé: il s’agissait d’Hichem Gribaa, un ancien vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.

260 millions d’euros pour les régions les plus pauvres

Le gouvernement de transition tunisien a annoncé le versement d’une aide exceptionnelle de 260 millions d’euros pour les régions rurales les plus pauvres du pays, foyers de la « révolution du jasmin ».

Cette aide a été annoncée lundi soir lors d’un talk-show à la télévision par le ministre du développement régional, Ahmed Néjib Chebbi, chef d’un parti d’opposition sous Ben Ali devenu membre du gouvernement d’union nationale formé le 17 janvier.

La somme promise servira à financer des projets de construction d’infrastructures, à rembourser les propriétaires de commerces endommagés lors du soulèvement populaire et à dédommager les familles des dizaines de « martyrs » tués lors de la répression sanglante des manifestations par la police de l’ancien régime.

Parmi les milliers de manifestants qui demandent quotidiennement dans les rues de Tunis la démission du gouvernement de transition, dominé par des caciques de l’ancien régime, se trouvent de nombreux jeunes originaires de ces provinces très pauvres et au taux de chômage très élevé.

Ils se sentent laissés pour compte par le développement du Nord et de la bande côtière du pays, avec ses stations balnéaires de carte postale.

Le Vif.be, avec Dominique Lagarde (L’Express.fr) et Belga

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