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La liberté de la presse en discussion en Birmanie

Le Gouvernement birman prépare une loi sur l’indépendance des médias. Volonté réelle d’ouverture ou faux-semblant ?

Jusqu’où le Gouvernement birman est-il prêt à aller en termes d’ouverture politique et de liberté d’expression ? La loi sur les médias, en préparation au Parlement, donne une indication intéressante sur la volonté réelle du pouvoir de « lâcher la bride ». « Il y a d’abord eu un premier projet, mais il ne présentait pas d’avancées majeures, raconte un journaliste birman, en poste à Rangoon. Le Gouvernement a revu sa copie. De gros progrès ont été faits dans la seconde version. » Parmi les propositions les plus fortes: les articles ne devront plus être soumis au Comité de censure avant leur publication. « C’est une bonne nouvelle, poursuit-il. Il faut maintenant voir ce qui se passera lorsqu’un journal publiera un article qui ne plaît pas au Gouvernement. S’il donne lieu y a des sanctions financières, comme certains le craignent déjà, rien ne changera vraiment. Car les éditeurs se censureront eux-mêmes pour éviter les problèmes… »

D’autres mesures sont à l’étude, comme la création d’un Conseil de presse indépendant, une place plus grande donnée à l’information régionale (c’est-à-dire aux minorités ethniques) ou, encore, la formation des jeunes reporters birmans.

« L’objectif de cette réforme, c’est de voir émerger une nouvelle force démocratique », affirmait Kyaw Hsan, le ministre de l’information et de la culture, lors d’une conférence sur les médias, organisée conjointement par le Gouvernement birman et par l’Unesco, les 19 et 20 mars derniers.

« Cronies »

Point positif, cette loi devrait être votée durant l’été. Nul doute qu’Aung San Suu Kyi, qui vient d’être élue députée, et que ce sujet tient particulièrement à coeur, suivra de très près les débats.
Reste qu’une loi sur la presse, aussi bonne soit-elle, ne règlera pas tous les problèmes. Il faut savoir que toutes les chaines de télévision et de radio du pays sont possédées par des « cronies », des hommes d’affaires birmans, réputés très proches du Gouvernement. Pour les journalistes qui y travaillent, la liberté d’expression risque de rester longtemps une donnée très relative.

Charles Haquet, L’Express.fr

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