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La Grèce persiste sur son projet de mur à la frontière turque

Athènes veut ainsi bloquer l’immigration irrégulière sur un tronçon particulièrement critique. L’UE émet des réserves sur ce projet.

Le ministre grec chargé de l’immigration, Christos Papoutsis, a confirmé ce mardi la volonté de son pays de clôturer un tronçon de sa frontière avec la Turquie. Le pays « va mettre en place les moyens de repousser les migrants irréguliers », explique le ministre.

Papoutsis a dénoncé, sans nommer personne, « l’hypocrisie de ceux qui critiquent » Athènes pour ce projet, qui répond selon lui au « devoir du gouvernement de protéger les droits des citoyens grecs et de ceux qui résident légalement dans le pays ». Samedi, en évoquant pour la première fois ce projet, il a estimé que la « société grecque a dépassé ses limites en capacité d’accueil d’immigration clandestine ». La Grèce est débordée…

Point de passage vers l’UE

Cette zone vouée à la clôture couvre 12,5 km de cette frontière qui court sur quelque 150 km (voir la carte). Sur ce tronçon, où le fleuve d’Evros fait un saillant en territoire turc, aucun obstacle physique ne s’oppose aux passages. De janvier à début novembre, 32 500 interceptions ont été effectuées sur cette zone qui est devenue le principal point de passage des sans-papiers dans l’Union européenne avec près de la moitié des entrées illégales détectées.

A la demande d’Athènes, plus de 200 garde-frontières de l’agence européenne Frontex sont déployés le long de l’Evros depuis novembre. En novembre, selon Frontex, leur présence avait fait chuter de 44% le nombre des entrées irrégulières repérées, passées de quelque 250 à environ 140 par jour. Leur mission dont la durée a déjà été prolongée jusqu’en février. Et le projet de clôture pourrait être une manière de faire pression sur leurs partenaires européens pour prolonger encore cette mission qui s’avère onéreuse.

Critiques européennes

La Commission européenne a émis lundi des réserves sur le projet de la Grèce, qui n’a d’ailleurs pas été notifié à la Commission. « Les murs ou les grillages sont des mesures à court terme qui ne permettent pas de s’attaquer de manière structurelle à la question de l’immigration clandestine », a déclaré Michele Cercone, porte-parole de la commissaire en charge de la sécurité Cecilia Malmström.

« La gestion des frontières est l’affaire des Etats, mais dans certains cas, les frontières nationales sont également les frontières de l’UE », a-t-il insisté. « Une bonne gestion des frontières et des flux migratoires passe par un dialogue avec les pays d’origine et les pays de transit des migrants ».

Papoutsis a souligné que ce verrouillage « n’était en aucune manière dirigé contre la Turquie ». « Les mesures au contraire facilitent et renforcent la coopération » avec la Turquie, qui négocie actuellement avec l’UE un accord de réadmission des migrants passés par son territoire pour gagner clandestinement l’UE. Aucune date n’a été fixée pour la conclusion de cet accord.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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