Appel au "Non" (OXI) aux éléctions du 6 juillet 2015 © Reuters

La Grèce ne remboursera pas le FMI et organise son référendum

La Grèce ne remboursera pas l’échéance de 1,6 milliard d’euros qu’elle doit au Fonds monétaire international (FMI) mardi, a annoncé lundi, sans surprise, un responsable du gouvernement grec. En outre, l’organisation du référendum surprise décidé par le gouvernement grec d’Alexis Tsipras se met en place petit à petit avec la publication mardi du bulletin de vote et de l’affiche de campagne de la majorité de gauche radicale qui appelle à voter « non » dimanche aux propositions des créanciers de la Grèce

Les remboursements de la Grèce doivent être effectués mardi à minuit à Washington, siège du FMI (soit mercredi 06h00 HB). Les autorités grecques ont répété à de multiples reprises qu’elles ne rembourseraient pas le FMI en l’absence d’accord avec les créanciers permettant le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros. La rupture des négociations ce week-end et la décision du gouvernement d’imposer un contrôle des capitaux aux banques grecques ont rendu cette décision un peu plus inéluctable.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a déjà prédit ce mois-ci qu’Athènes ferait défaut sur sa dette si l’échéance du 30 juin n’était pas honorée. Un porte-parole de l’institution monétaire a depuis tempéré ces propos en évoquant uniquement de possibles « arriérés ».

Plus de 17.000 manifestants disent (déjà) « non » « au chantage des créanciers »

Plus de 17.000 manifestants, dont la plupart des sympathisants du parti de la gauche radicale Syriza au pouvoir en Grèce, ont manifesté lundi à Athènes et à Thessalonique (nord) en faveur du « non » au référendum dénonçant « le chantage des créanciers », UE et FMI. Selon les estimations police, ils étaient plus de 13.000 rassemblés sur la place Syntagma en bas du Parlement dans le centre d’Athènes, et 4.000 à Thessalonique, deuxième ville grecque.

« Non au chantage de la troïka (UE, BCE et FMI) », « Non aux ‘memoranda’ (mesures d’austérité), « Nos vies n’appartiennent pas aux créanciers », étaient inscrits sur les banderoles des manifestants, qui ont afflué à Syntagma.

Quelques heures auparavant plusieurs dirigeants européens avaient mis en garde les Grecs en les appelant à voter « oui » au référendum crucial de dimanche, insistant sur le fait qu’un « non » signifierait « non à l’Europe ».

Outre les banderoles en grec, des banderoles en anglais indiquaient « Jails for Euro-bankers » (prison pour les banquiers européens, ndlr), « European people all together » (Tous les peuples européens ensemble, ndlr). Il s’agit de la deuxième manifestation en faveur de la politique suivie par le gouvernement d’Alexis Tsipras, face aux créanciers depuis l’annonce dans la nuit de vendredi à samedi, de l’organisation d’un référendum dimanche sur l’acceptation ou non des mesures d’austérité proposées par les créanciers visant, selon eux, à redresser l’économie du pays. Une manifestation en faveur du « non », organisée dimanche soir à Syntagma, avait rassemblé 2.000 personnes.

L’organisation du référendum du juillet

« Faut-il accepter le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale grecque et le Fonds monétaire international lors de l’Eurogroupe du 25 juin »: c’est la question qui sera posée dimanche aux électeurs, selon le fac-similé du bulletin de vote rendu public par le gouvernement lundi.

Ce plan d’accord, est-il écrit sur le bulletin, « est composé de deux parties intitulées pour la première ‘Réformes pour l’achèvement du programme en cours et au-delà’ et pour la deuxième ‘analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette’. » L’électeur aura le choix entre deux cases à cocher: « n’est pas accepté/NON » et « accepté/OUI ». « L’impression des bulletins de vote du 5 juillet est en cours depuis hier », sous la direction de l’Imprimerie nationale, précise un communiqué du ministère de l’Intérieur, garantissant « leur distribution dans les temps, dans toutes les régions du pays ».

Le coût de l’organisation n’a pas été précisé par le gouvernement mais plusieurs médias grec avançaient une estimation de 110 millions d’euros, une charge supplémentaire pour un Etat aux caisses vides. Il est rare qu’un gouvernement convoquant un référendum tourne une question à laquelle sa réponse préférée est non. Mais le non est très valorisé en Grèce, et a même donné son nom à une des deux fêtes nationales grecques, le 28 octobre, dit « le jour du Non » en référence au refus des autorités grecques de l’ultimatum de l’armée italienne souhaitant entrer sur le territoire grec en 1940.

Le texte de l’offre d’accord des créanciers a été publié en Grèce, dans le quotidien pro-gouvernemental Avghi notamment. Il est également visible sur le site de la Commission européenne et a été twitté dimanche soir par Jean-Claude Juncker, dans un message en grec et en anglais, alors que les créanciers avaient dans un premier temps semblé signifier que cette proposition était caduque.

L’affiche de campagne du principal parti de la majorité gouvernementale, la gauche radicale Syriza, apparaît en première page du site internet de la formation: le mot « Non » (OXI) domine en lettres capitales. « Pour la démocratie et la dignité », est-il ensuite précisé sur fond de drapeau grec et de bras levés.

La Chine « veut que la Grèce reste dans la zone euro »

« Ce que souhaite la Chine, c’est voir une Europe unie, une Europe prospère et un euro fort », a déclaré M. Li, car « cela ne sert pas seulement les intérêts de l’Europe mais aussi ceux de la Chine » et du reste du monde. « La Chine est devenue l’un des premiers partenaires commerciaux de l’Europe » et détient de la dette européenne depuis longtemps, a rappelé M. Li, qui s’exprimait au côté du président du Conseil européen, Donald Tusk, à l’issue di 17e sommet UE-Chine.

« De surcroît, c’est aussi une question qui concerne la stabilité financière mondiale et la reprise économique », a-t-il insisté. « C’est pourquoi la Chine veut que la Grèce reste dans la zone euro », et « nous exhortons les créanciers concernés à trouver rapidement un accord avec le gouvernement grec et à avancer dans leurs discussions pour qu’à la fois la Grèce et l’Europe surmontent les défis et la crise actuelle », a-t-il poursuivi.

Le Parlement européen appelle à une reprise des négociations

Martin Schulz a rappelé que le programme en cours de soutien financier à la Grèce prenait fin mercredi et qu’au-delà de cette date les Grecs faisaient face à « un problème majeur ». Les différentes parties doivent reprendre place autour de la table pour débattre notamment « des moyens d’éviter des développements négatifs pour la Grèce, et des différentes solutions possibles pour prolonger le programme » d’ici au référendum voulu par le gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras, a-t-il dit.

M. Schulz, qui s’est entretenu au téléphone lundi avec le Premier ministre grec, a expliqué que la décision d’appeler à un référendum le 5 juillet en Grèce avait pris tout le monde de court. Car le 26 juin, a-t-il enchaîné, le gouvernement grec était « très près d’un compromis » avec ses créanciers (UE, BCE, FMI), ceux-ci ayant pris en considération « une longue liste de requêtes » d’Athènes comme est venu l’expliquer Jean-Claude Juncker aux dirigeants du Parlement européen. Reprenant les arguments du président de la Commission européenne et appelant comme lui les Grecs à dire « oui au maintien dans la zone euro », M. Schulz a assuré que les dernières propositions des créanciers ne contenaient « aucune baisse de salaires, ni des retraites » et « pas d’augmentation de TVA dans le secteur médical, la santé, ni dans le secteur de l’énergie ».

Hollande et Obama s’allient pour favoriser les discussions

« Ils ont convenus de conjuguer leurs efforts pour favoriser une reprise des discussions, permettre le plus rapidement possible une résolution de la crise et assurer la stabilité financière de la Grèce », a-t-on déclaré dans l’entourage du chef de l’Etat français.

Le Portugal espère limiter les dégâts

« La croissance du Portugal ne sera pas affectée outre mesure par un incident financier grec », car « l’Union monétaire dispose désormais d’instruments » permettant de faire face à un tel scénario, a-t-il assuré devant la presse. « J’espère que les Grecs ne vont pas sortir de la zone euro et finiront par revenir à la table des négociations » en « acceptant les conditions » proposées par les créanciers, a ajouté le chef de l’Etat portugais.

Plombée par la crise grecque, la Bourse de Lisbonne a chuté de 5,22% lundi, subissant la plus forte baisse des places européennes. Parallèlement, le taux d’emprunt portugais à dix ans est reparti à la hausse, à 3,083% contre 2,718% vendredi. Concernant les craintes de contagion, M. Cavaco Silva a estimé que « le Portugal est dans une situation similaire à celles de l’Irlande, l’Espagne et l’Italie », ne courant pas plus de risque que ces trois pays.

Au bord de la faillite, le Portugal a été en 2011 le troisième pays de la zone euro après la Grèce et l’Irlande à solliciter un plan d’aide internationale. Le pays en est sorti en mai 2014, après avoir mis en oeuvre un sévère programme d’austérité, et prévoit une croissance économique de 1,6% cette année. Aux antipodes de la Grèce, qui peine à rembourser les 1,5 milliard d’euros dus au Fonds monétaire international (FMI) mardi, le Portugal a déjà réglé par avance 8,4 milliards d’euros, soit près de 30% de sa dette auprès de cette institution.

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