Alexis Tsipras © Reuters

La gauche anti-austérité n’a pas encore gagné les élections en Grèce

Le parti de gauche anti-austérité Syriza a de bonnes chances d’arriver au pouvoir après les législatives du 25 janvier, ce qui provoque des inquiétudes dans la zone euro, mais le jeu des alliances pourrait lui être défavorable.

Le score attendu de Syriza, environ 28% selon un sondage publié lundi, ne pourra pas lui assurer une majorité parlementaire suffisante pour former un gouvernement à lui seul et il sera containt de rechercher des alliances auprès de petits partis. « Le paysage politique actuel reste opaque car on ne sait pas lequel des petits partis aura une représentation au Parlement et qui pourrait participer à une colation », relève Manolis Alexakis, sociologue politique à l’Université de Crète.

Au lendemain de l’échec du Parlement à élire un nouveau président de la République, le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, en tête d’une coalition droite-socialistes depuis deux ans, a du se résoudre à demander à l’actuel président Carolos Papoulias, comme le prévoit la Constitution, des élections anticipées et la dissolution du Parlement.

Antonis Samaras n’a pas hésité pour une nouvelle fois à brandir le spectre de la sortie de la Grèce « de la zone euro », si Syriza l’emportait aux législatives. Il faut entrer « dans la bataille des élections avec responsabilité » car « de cette lutte dépend le maintien du pays dans l’Europe », a-t-il lancé avant son entretien avec Carolos Papoulias.

La Gauche radicale souhaite mettre fin « aux politiques d’austérité » et renégocier avec l’UE et le FMI, une nouvelle restructuration de la dette publique, qui continue d’être le fardeau de l’économie grecque.

Devançant de trois à six points le parti de la Nouvelle-Démocratie d’Antonis Samaras, Syriza est, selon les sondages, le « premier parti et ce sera difficile de renverser cette tendance », a affirmé à l’AFP le politologue et analyste des sondages Ilias Nikolakopoulos.

Si Syriza ne trouve pas de partenaire pour former une coalition, de nouvelles élections devraient être organisées, comme c’était le cas en mai 2012, au pic de la crise grecque. Mais cette éventualité inquiète les créanciers de la Grèce, UE et FMI, qui n’ont pas terminé l’audit du pays pour débloquer la dernière tranche des prêts. Lundi, le Fonds monétaire international (FMI) a suspendu son aide dans l’attente d’y voir plus clair. Et le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble, a de nouveau mis en garde qu’il n’y avait « aucune alternative » aux réformes menées en Grèce.

« La pression de l’Europe est importante et Syriza sera containt de se déplacer vers le centre pour trouver un partenaire », estime Manos Papazoglou, professeur des sciences politiques à l’Université de Péloponnèse. Selon cet analyste, To Potami (La rivière), un parti récemment formé et qui souhaite occuper le centre-gauche après l’éclatement des socialistes du Pasok, « pourrait devenir le +kingmaker+ » (faiseur de roi, ndrl).

Créé par un journaliste et ayant rassemblé plusieurs personnalités du centre, ce parti est crédité de 6,1% d’intentions de vote et arrive en troisième position après le Syriza et la Nouvelle-Démocratie (droite).

Cependant, selon les analystes, la polarisation du scrutin entre Syriza et la droite ne permettrait pas aux petits partis d’avoir un score suffisant et que Syriza aura besoin d’un deuxième partenaire pour former un gouvernement. Les Grecs Indépendants, un parti populo-nationaliste et anti-austérité, dirigé par un dissident de la droite « pourrait en profiter s’il arrive à franchir le seuil minimum requis de 3% pour entrer au Parlement, explique Manos Papazoglou tout en insistant que « cette alliance serait fragile ».

La presse grecque de mardi s’inquiétait du climat d' »incertitude » en Grèce. La Bourse d’Athènes, qui avait terminé avec des pertes de 4% lundi, quelques heures après l’annonce des élections anticipées, a ouvert de nouveau dans le rouge mardi mais avec des pertes limitées, l’indice général (Athex) reculait de 0,33% à la mi-journée.

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