© Belga

La France veut la fermeture « la plus rapide possible » du camp de migrants à Calais

Le Vif

La France veut parvenir à la fermeture définitive « la plus rapide possible » de l’immense camp de migrants de Calais, a annoncé vendredi le gouvernement, à l’heure où la population record dans le bidonville alimente de multiples tensions.

« C’est en faisant preuve de persévérance, de méthode que nous dégagerons une solution efficace… et ce jusqu’à la fermeture définitive du campement, que je souhaite la plus rapide possible », a déclaré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve lors d’un discours devant les forces de l’ordre à Calais. « Nous avançons avec méthode » sur le « démantèlement progressif et maîtrisé du campement de la Lande », a insisté le ministre, sans fournir de date. La partie sud du camp a été évacuée en mars. Avant le démantèlement à proprement parler de la zone nord, l’Etat doit obtenir gain de cause devant le Conseil d’Etat — la plus haute juridiction administrative française — sur la fermeture des commerces informels de la zone.

L’Etat compte parallèlement intensifier les départs volontaires en créant d’ici à la fin de l’année quelque 8.000 places dans diverses structures d’accueil pour « désengorger Calais », a précisé le ministre dans un entretien avec le quotidien local Nord Littoral. « La politique du gouvernement est de ne pas laisser les situations de détresse s’agglomérer aux situations de détresse », a scandé à Calais M. Cazeneuve.

Selon la maire de Calais, Natacha Bouchart, le démantèlement effectif de la zone nord devrait se faire « en une étape ». Près de 7.000 personnes, selon les autorités, 9.000 pour les associations, s’entassent actuellement dans la « Jungle », un chiffre inédit depuis sa création au printemps 2015, en progression de 50% par rapport à juin. Parmi eux se trouvent 900 mineurs isolés, selon l’association France Terre d’Asile.

L’afflux enregistré cet été est notamment lié à de nouvelles arrivées via l’Italie et au démantèlement désormais systématique des campements informels parisiens, ce qui pousse les migrants à poursuivre leur chemin. Originaires aussi bien d’Afghanistan que du Soudan ou d’Irak, ils arrivent dans le nord de la France dans l’espoir de traverser la Manche et rallier la Grande-Bretagne, perçue comme un eldorado.

Depuis le démantèlement de la partie sud de la « Jungle », à l’aide de bulldozers, les migrants sont cantonnés sur un espace très restreint, et cette promiscuité augmente les tensions entre eux.

Cet été, deux migrants sont décédés lors de rixes meurtrières inédites. Mardi encore, deux autres ont été gravement blessés au cours d’un probable affrontement entre Soudanais et Afghans.

« Désespoir »

Les intrusions quasi quotidiennes sur la rocade portuaire, aux abords de la « Jungle », de ceux qui veulent tenter de se glisser dans des camions en route vers le Royaume-Uni, entraînent par ailleurs des heurts répétés avec les forces de l’ordre. Bernard Cazeneuve a annoncé vendredi un renfort de quelque 200 policiers et gendarmes, ce qui portera le nombre des forces de l’ordre présentes localement à « plus de 2.000 ».

La population locale, elle, est à cran. « On ne dort plus depuis six mois à cause des migrants qui traversent nos propriétés », explique Xavier Foissey, représentant d’agriculteurs qui, avec des routiers et des commerçants, a prévu de manifester lundi pour réclamer le démantèlement de la « Jungle ». « La situation à Calais est insupportable pour tout le monde: migrants, forces de l’ordre, riverains », convient Franck Esnée de l’ONG Médecins sans frontières (MSF). « Mais le démantèlement n’est pas une solution, la solution c’est l’hébergement progressif des migrants et leur accompagnement vers l’asile par davantage d’interprètes. »

Cette situation créé également des frictions bilatérales. En vertu d’un accord entre la France et le Royaume-Uni signé en 2003 au Touquet (France), les premiers contrôles d’immigration ont lieu dans le pays de départ, ce qui a fait glisser la frontière côté français. Depuis le vote britannique pour une sortie de l’UE, plusieurs responsables politiques français, dont l’ex-président Nicolas Sarkozy, qui avait lui-même signé l’accord, souhaitent revenir sur ce texte. Mais le gouvernement français n’est pas sur cette ligne. Mardi, Bernard Cazeneuve a reçu son homologue Amber Rudd et les deux responsables ont rappelé leur souhait de « poursuivre » leur « étroite collaboration » sur le dossier de Calais.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire