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La France rend hommage à Simone Veil, icône politique et morale

Le Vif

La France rendait mercredi aux Invalides un hommage national à Simone Veil, figure éminente de la vie politique française, rescapée de la Shoah, pro-européenne et féministe ardente, décédée le 30 juin à l’âge de 89 ans.

Plusieurs chefs de gouvernement étrangers, dont le Belge Charles Michel, le Luxembourgeois Xavier Bettel et le Bulgare Boiko Borissov participaient à cette célébration funèbre ouverte au public dans la cour d’honneur des Invalides, en présence de sa famille, du président Emmanuel Macron, de ses prédécesseurs et du gouvernement français pratiquement au complet, a-t-on appris auprès de l’Elysée.

L’ex-président français Valéry Giscard d’Estaing, 90 ans, « regrette » en revanche, selon son entourage, de ne pouvoir être présent. Simone Veil fut son emblématique ministre de la Santé et porta contre vents et marées en 1974 le projet de loi légalisant l’avortement en France.

Le cercueil de celle qui fut longtemps la personnalité la plus aimée des Français a fait son entrée peu après 10H30 (08H30 GMT) dans la Cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides, revêtu du drapeau tricolore et porté par des Gardes républicains au son de la Marche funèbre de Chopin.

Il quittera la cour, sobrement parée de deux grands drapeaux, une heure plus tard, accompagné du Chant des Marais, celui des déportés, en souvenir de l’internement de Simone Veil au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

Quelque 700 invités parmi lesquels des dizaines de personnalités françaises et étrangères assistaient à cet hommage présidé par le chef de l’Etat qui devrait dans son éloge funèbre souligner, selon l’Elysée, combien les combats de Simone Veil restent « d’actualité ».

La famille ayant souhaité que la cérémonie soit ouverte au public, une foule d’admirateurs se pressaient dans les galeries de la cour d’honneur, baignée par un soleil estival.

‘Le meilleur de la France’

Dans l’assistance également: des membres de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah dont Simone Veil fut la première présidente et est restée jusqu’à sa mort présidente d’honneur de l’Union des déportés d’Auschwitz, ou encore Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française où siégea Simone Veil.

A travers toute la France, les drapeaux européens ont été mis en berne sur les édifices publics tandis que les drapeaux français ont été parés d’un crêpe noir.

« Puisse son exemple inspirer nos compatriotes, qui y trouveront le meilleur de la France », avait réagi vendredi Emmanuel Macron peu après l’annonce de son décès.

D’autres hommages émus lui ont été rendus comme au Parlement européen dont elle fut la première présidente élue, en 1979, ou, dans ce même hémicycle de Strasbourg, lors de la cérémonie européenne en mémoire de l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl, autre grand bâtisseur de l’Europe, décédé quinze jours plus tôt.

A l’issue de la cérémonie des Invalides, la dépouille de Simone Veil sera inhumée au cimetière parisien du Montparnasse, au côté de celle de son époux, Antoine Veil, disparu en 2013.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, prononcera l’oraison funèbre tandis que, conformément aux souhaits de la défunte, le kaddish, la prière de sanctification généralement prononcée par des membres de la famille, sera dite.

Plusieurs pétitions réclament désormais son entrée au Panthéon, nécropole laïque des « grands hommes » français, honorés par la « patrie reconnaissante ». « Simone Veil, pour sa vie et son parcours de survivante de la Shoah, d’avocate pour les Droits des femmes et d’Européenne mérite le Panthéon », affirme l’une d’elles, lancée sur le site change.org et qui avait déjà recueilli plus de 208.000 signatures mercredi.

Si elle y faisait son entrée, Simone Veil, symbole du combat pour l’émancipation féminine, serait seulement la cinquième femme (contre 76 hommes) à être honorée dans ce « temple » de la République situé sur une des buttes de Paris.

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