Jesse Klaver (GroenLinks), Mark Rutte (VVD), Alexander Pechtold (D66), Sybrand Buma (CDA) © Belga

La formation du gouvernement néerlandais toujours dans une impasse

Nos confrères de Knack ont interrogé l’observateur politique Kees Boonman au sujet de l’échec de la formation du gouvernement néerlandais. « Une complication assez inutile dans un pays où le compromis a toujours déterminé la politique. »

Aux Pays-Bas, la deuxième tentative de formation d’un gouvernement a également échoué. Immédiatement après les élections, plusieurs observateurs affirmaient encore qu’ils s’attendaient à ce qu’il y ait rapidement un nouveau gouvernement, mais trois mois plus tard, le résultat se fait toujours attendre. Lundi, après une longue concertation, l’informateur Herman Tjeenk Willink a conclu qu’un gouvernement à quatre partis avec le VVD (le parti libéral du Premier ministre sortant Mark Rutte), le CDA (les chrétiens-démocrates), D66 (les centristes) et GroenLinks (les écologistes) n’était pas possible. Les mêmes partis avaient discuté une coalition commune sous la houlette de l’informatrice Edith Schippers, mais mi-mai, les négociations ont abouti un échec sur le thème de la migration. Depuis une semaine, Willink avait relancé les négociations, mais sans succès.

Kees Boonman, observateur politique pour l’émission télévisée EenVandaag et professeur à l’Université de Leiden, explique ce qu’il se passe.

D’après le communiqué de l’informateur Tjeenk Willink, la migration demeure le grand écueil. Pourquoi ?

Boonman: Le problème c’est la pensée politique de principe dépassée de GroenLinks. Sur beaucoup de terrains, les partis se sont montrés prêts à mettre de l’eau dans leur vin, mais le parti de Jesse Klaver laisse tombe la concertation au sujet de quelque chose qui n’est qu’en partie un sujet néerlandais. C’est un thème surtout européen. D’après moi, GroenLinks met trop l’accent sur ce sujet. Il n’y a rien de plus fluctuant que le flux de réfugiés et sa problématique. Il faut voir cela dans une perspective européenne, plus large, les Pays-Bas ne vont pas résoudre ce problème.

Depuis quelques mois déjà, Klaver qualifie son parti de mouvement, en analogie avec le nouveau président français Emmanuel Macron, mais finalement GroenLinks semble tout de même un parti politique vieux jeu. Former une coalition, c’est se concerter, parfois avaler certaines choses, un peu parachever pour finalement obtenir un compromis. Le fait de se montrer aussi puriste et de principe au sujet du flux de migration soulève beaucoup de questions.

Que va-t-il se passer maintenant? Qui remplacera GroenLinks dans les négociations ?

On parle déjà du PVDA, mais comme c’est le grand perdant des élections, c’est tout de même un peu bizarre. À l’heure actuelle, un cabinet de minorité est de toute façon déraisonnable. Il y a moyen d’avoir une majorité, donc pourquoi se contenter d’une minorité ? Le D66 n’est pas enthousiasmé par l’Union chrétienne. Et pour le SP, ce serait un sérieux virage, car ils ne veulent pas du VVD. Pour l’instant, c’est une impasse, oui.

Est-ce apporter de l’eau au moulin au PVV de Geert Wilders? Estimez-vous possible qu’il participe tout de même aux négociations ?

C’est ce que certains vont dire. Mais si tous les partis moteurs (VVD, CDA et D66) ont dit qu’ils n’entreraient pas au gouvernement avec le PVV et si l’incapacité de conclure un compromis de Groenlinks d’une part et de D66 et l’Union chrétienne d’autre part additionnée au refus du PVDA et à l’entêtement de SP entraîne une dépendance du PVV, c’est la faillite de la politique aux Pays-Bas. C’est un brevet d’incapacité politique, ce que je ne peux pas m’imaginer.

Le record belge de formation de gouvernement risque-t-il d’être pulvérisé ?

Évidemment, on recommence chaque fois. Je fais partie de ceux qui estimaient cette coalition possible. Je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que ça irait un peu plus vite. Reste à voir ce qu’il se passera à la Seconde chambre. Cela ressemble à une complication assez inutile dans un pays où le compromis a toujours déterminé la politique. Mais je n’ose plus faire de prédictions. Si vous prenez l’électeur au sérieux et que vous ne vous en sortez pas, organisez de nouvelles élections.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire