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La Floride constate les dégâts causés par Irma, moins destructeur que prévu

La Floride tentait lundi de mesurer l’ampleur des dégâts causés par l’ouragan Irma, moins destructeur que prévu mais dont le passage a laissé des millions de personnes sans électricité et des routes impraticables, compliquant le retour chez eux des évacués.

A Cuba en revanche, à seulement 150 kilomètres de la Floride, le bilan est beaucoup plus grave: au moins 10 personnes sont mortes dans plusieurs provinces, portant le nombre de victimes à une quarantaine de morts dans les Caraïbes. Le Venezuela a annoncé l’envoi de 10 tonnes d’aide à son allié cubain.

En Floride, le bilan humain a été actualisé lundi à deux victimes, contre trois auparavant, qui ont perdu la vie dans des accidents de la route. Les destructions sont particulièrement lourdes sur l’archipel des Keys, « dévasté » selon le gouverneur de Floride, Rick Scott, qui a survolé lundi le chapelet d’îles, où Irma a frappé dimanche matin en ouragan de catégorie 4 avec des vents de plus de 215 km/h. « Ce que nous avons vu est horrible (…) Nous avons vu beaucoup de bateaux échoués et pratiquement tous les mobil-homes retournés », a rapporté Rick Scott au cours d’une conférence de presse, ajoutant que les réseaux d’eau, d’égouts et d’électricité sont hors d’usage. « La route de la reconstruction sera longue », a-t-il prévenu.

En soirée, l’île de Key West restait difficile d’accès et privée de communications par téléphone portable, selon son maire, Craig Cates. « Nous ne laissons personne revenir parce que nous n’avons pas encore d’eau ou d’électricité », a-t-il souligné sur CNN.

Irma, désormais rétrogradé en tempête tropicale, se trouvait à 19H00 GMT lundi, dans le sud de la Géorgie avec des vents faiblissants à 85km/h et devait prendre mardi la direction de l’Alabama. Des inondations soudaines sont encore à craindre dans les prochains jours.

Dans le reste de la Floride, les dégâts, désormais estimés entre 20 et 60 milliards de dollars selon plusieurs experts en assurance, sont toutefois plus limités que ne le laissait craindre la puissance et la taille de l’ouragan Irma. Les quelque six millions d’évacués – une ampleur sans précédent aux Etats-Unis – et dont beaucoup tentaient lundi de regagner leur domicile, devront cependant prendre leur mal en patience. « Ne pensez pas que parce que c’est passé vous pouvez vous précipitez chez vous. Nous avons des lignes électriques à terre à travers tout l’Etat. Nous avons des routes impraticables et des débris sur tout le territoire » de la Floride, a martelé Rick Scott.

Gare aux alligators

A Miami où les équipes de nettoyage sont à l’oeuvre avec de nombreuses routes encore jonchées de débris, le maire de la ville Carlos Gimenez a dit son soulagement d’avoir « échappé au pire de la tempête ». « On s’en sort beaucoup mieux que d’autres parties de l’Etat et nous rendons grâce à Dieu pour cela. »

Près de 80% du comté de Miami-Dade est toujours privé d’électricité et M. Gimenez a prévenu que le retour à la normale « prendra un bout de temps ». Au total, 6,2 millions de Floridiens sont toujours privés d’électricité

La ville de Bonita Springs, dont de vastes zones étaient inondées lundi, était également privée de courant, comme toute sa région sur la côte ouest. Des habitants, de l’eau jusqu’à la taille, tentaient de rejoindre leur domicile, sous un soleil revenu. « Je ne crois pas pouvoir parvenir jusqu’à ma maison. J’aimerais y arriver en marchant mais cela a l’air profond de près d’un mètre et mes bottes ne font que 30 cm », affirmait Sam Parish. « Je n’aime pas l’eau froide, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je vis ici », ajoutait-il, non sans humour.

Au loin, deux résidents progressaient à pied dans l’étendue liquide en frappant l’eau foncée avec un bâton devant eux, pour repousser d’éventuels alligators. A près de 250 kilomètres au nord, la baie de Tampa semblait avoir été relativement épargnée, alors qu’elle était considérée comme la zone la plus vulnérable du pays face à un phénomène comme Irma.

Vols annulés

Sur plusieurs zones côtières, la mer s’est retirée, dévoilant des vastes étendues de sables, un spectacle inédit pour les habitants de la région. Les services météorologiques les ont cependant prévenu de ne pas s’y aventurer: l’eau finira bien par revenir et vite.

L’aéroport international de Miami, qui a connu des inondations, a été fermé et ne devrait reprendre qu’un service limité à partir de mardi. Celui de Fort Lauderdale, une destination de croisières très prisée, ne reprendra que mardi. Bien plus au nord, sur l’aéroport d’Atlanta – le plus fréquenté au monde – de nombreux vols ont été annulés en raison des pluies.

Une évacuation a également été ordonnée lundi matin dans plusieurs quartiers de Jacksonville, ville du nord-est de la Floride, située à quelques kilomètres de la frontière avec la Géorgie, après qu’une alerte aux inondations a été émise dans le centre-ville. « Quand des Américains sont en détresse, le peuple s’unit, et face à l’adversité nous ne formons qu’un pays, uni, plus fort et déterminé que jamais », a déclaré Donald Trump lundi depuis le Pentagone, en ce jour de commémoration du 11-Septembre.

Le président américain, qui a proclamé dimanche l’état de catastrophe naturelle en Floride, a annoncé qu’il se rendrait « très vite » dans l’Etat.

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