Didier Reynders © Belga

La diplomatie européenne condamne les frappes aériennes russes en Syrie

Les ministres européens des Affaires étrangères demandent à Moscou de cesser immédiatement ses attaques militaires en Syrie visant d’autres groupes que l’Etat islamique, et soulignent que le régime de Bachar el-Assad reste le premier responsable du nombre de tués dans le conflit.

A l’issue de leur discussion sur la Syrie, les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Luxembourg ont adopté des conclusions sévères à l’égard de Moscou.

Les ministres dénoncent les récentes attaques militaires de la Russie visant l’opposition modérée en Syrie et demandent à ce qu’elles cessent immédiatement, de même que les violations de l’espace aérien des pays voisins.

Le Conseil Affaires étrangères observe en outre que l’escalade militaire risque « prolonger le conflit, de saper le processus politique, d’aggraver la situation humanitaire et d’augmenter la radicalisation », c’est pourquoi les ministres exhortent la Russie à « concentrer ses efforts sur l’obtention d’une solution politique au conflit ».

Dans leurs conclusions, les ministres européens appellent en effet à « une transition pacifique et inclusive » en Syrie, estimant encore que le « pouvoir actuel » ne permettra pas l’avènement d’une « paix durable ».

Si les Européens n’ont pas précisé quel rôle le président Bachar el-Assad pourrait jouer dans cette transition, un sujet qui les divisent, ils ont toutefois pointé que « le régime d’Assad porte la plus grande responsabilité dans les 250.000 morts qu’a faits le conflit et les millions de personnes qu’il a déplacées » depuis 2011.

Reynders inquiet d’assister à des frappes non-coordonnées

A son arrivée à la réunion des ministres européens, le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, s’est dit inquiet d’assister à des frappes non-coordonnées en Syrie. « Ce n’est pas normal de voir tant d’attaques aériennes en provenance de Russie, pas uniquement dirigées vers l’Etat islamique, mais aussi vers d’autres groupes avec des positions modérées. Nous essayons de convaincre Moscou qu’il est nécessaire d’avoir une bonne coordination », a déclaré Reynders.

« Le rôle isolé spécifique de la Russie nous donne de plus en plus le sentiment que le pays veut consolider la position du régime, probablement indistinctement de tous les groupes qui sont dans l’opposition, quelle que soit leur appartenance », a encore précisé le ministre à Belga au sortir de la réunion.

Il a assuré que l’Union européenne souhaitait « jouer un rôle plus actif, en soutien aux Nation Unies, dans les différentes démarches pour trouver une issue politique », et que la première préoccupation était donc de coordonner les actions militaire, en préservant les civiles et en vue de faire reculer l’Etat islamique.

Le ministre rapporte en outre « qu’il faudra entamer des discussions » avec des représentants du régime syrien actuel, « tout en sachant que Bachar el-Assad, ou des représentant avec du sang sur les mains dans cette ampleur, ne pourront pas participer à la situation de fin de transition ». « Assad ne peut pas participer à l’avenir du pays après en avoir été le bourreau », a encore déclaré Didier Reynders.

Le rôle central des Nations Unies

Si ce point de vue était selon lui unanime au sein du Conseil, il admet des accents différents parmi les diplomaties européennes.

La Haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères, Federica Mogherini, a insisté sur le rôle central des Nations Unies dans ce dialogue, secondé par l’UE comme « facilitateur ».

Jugeant « dangereuses » les activités militaires russes qui pourraient ne pas viser uniquement les groupes terroristes, la cheffe de la diplomatie européenne a toutefois insisté sur le rôle « très important » que Moscou peut jouer « dans l’exercice d’une pression pour l’engagement du régime syrien dans le process de transition ». « Il faut que la Russie ait la possibilité d’être un acteur important pour lancer ce processus politique », a-t-elle conclu.

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