Rex Tillerson © Xinhua

La coalition anti-EI promet la victoire et la mort du chef Baghdadi

Le Vif

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a promis mercredi la défaite du groupe Etat islamique et la mort de son chef Abou Bakr al-Baghdadi, lors d’une réunion de la coalition internationale anti-jihadistes assombrie par un raid meurtrier sur des civils en Syrie.

Il s’agit du baptême du feu pour le très discret chef de la diplomatie américaine qui accueille 67 autres pays de la « coalition mondiale » contre l’EI, certains membres s’interrogeant sur la stratégie de Donald Trump qui ne cesse de marteler qu’il va « démolir » les jihadistes. Le président américain a été élu sur un programme de politique étrangère isolationniste et veut doper le budget de la défense de 10%, contre une baisse de 28% des ressources de la diplomatie. Dans ce contexte, il avait demandé au Pentagone de lui fournir un plan complet visant à « éradiquer de la planète cet ennemi abominable », le groupe EI.

Battant le rappel, son ministre des Affaires étrangères Tillerson a réaffirmé que « notre grand point commun (…) est l’engagement à faire tomber cette force mondiale du mal ». Et il a promis que le chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi serait bientôt tué, comme l’avait été en mai 2011 le fondateur d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden. « Presque tous les adjoints de Abou Bakr al-Baghdadi sont morts, y compris le cerveau des attentats de Bruxelles, Paris et d’ailleurs. Ce n’est qu’une question de temps avant que Baghdadi lui-même rencontre le même destin », a martelé M. Tillerson.

« Enquête » de la coalition

Mais cette dixième réunion de la coalition, mise sur pied en septembre 2014 par le président de l’époque Barack Obama, est dominée par la mort d’au moins 33 civils près de Raqa, capitale de facto de l’EI, dans un raid présumé de cette coalition sur une école servant de centre de déplacés.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la frappe a eu lieu mardi matin au sud d’Al-Mansoura, une ville tenue par l’EI dans la province septentrionale de la Syrie, régulièrement visée par des raids des avions de la coalition. Cette dernière a indiqué qu’elle allait mener une « enquête ». Les militaires de la coalition ont déjà été montrés du doigt la semaine dernière pour un bombardement qui aurait fait des dizaines de victimes civiles dans une mosquée dans la province d’Alep (nord).

La coalition est réunie au grand complet, mais des désaccords se font jour entre certains pays sur la stratégie à suivre, tant à Raqa qu’à Mossoul, le bastion de l’EI en Irak que les forces locales tentent de reprendre.

En Syrie, Raqa est désormais quasiment isolée du monde, les principales voies de communications ayant été coupées par les forces kurdo-arabes alliées de la coalition. Les militaires américains envisagent que les jihadistes ne contrôlent bientôt plus qu’un ultime bastion dans la vallée de l’Euphrate, Deir Ezzor (est). Mais les Etats-Unis et la Turquie s’opposent sur la force qui doit conduire l’assaut final sur cette ville.

La Turquie ne veut pas que les milices kurdes YPG, qu’elle considère comme un groupe « terroriste », y participent. Or, ces milices sont le fer de lance de la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), que le Pentagone juge être les plus à même de reprendre Raqa rapidement.

En outre, la coalition doit répondre à la question du futur statut des territoires libérés en Syrie: autonomie ou retour dans le giron du régime. Revitalisées par le soutien militaire russe depuis septembre 2015, les forces syriennes ont progressé dans le nord et sont désormais tout près de Minbej, une ville libérée par les FDS.

19.000 frappes depuis 2014

Côté français, une source diplomatique a dit « attendre des réponses » de Washington sur « comment et avec qui » Raqa sera reconquise. Quant à Mossoul, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, reçu lundi par Donald Trump, a plaidé pour que l’aide américaine s' »accélère ».

Les forces irakiennes, soutenues par la coalition, ont lancé le 17 octobre l’offensive pour reprendre la ville. Après en avoir conquis fin janvier les quartiers orientaux, les forces irakiennes mènent depuis le 19 février une opération sur l’ouest de la cité. Au Pentagone, on estime que la victoire à Mossoul est inéluctable, même si des combats très durs sont encore à attendre dans la vieille ville.

Selon Washington, les opérations de la coalition – notamment plus de 19.000 frappes – ont permis de « libérer » 62% des territoires en Irak et 30% en Syrie que l’EI détenait à son apogée en 2014.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire