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La CIA a versé de l’argent à la présidence afghane

Le Vif

Hamid Karzaï a reconnu que les renseignements américains ont versé de l’argent à l’Afghanistan. Les services de renseignements britanniques pourraient aussi être impliqués. Une affaire qui risque de ternir un peu plus l’image du président afghan.

La somme s’élèverait à des millions de dollars. Le président afghan Hamid Karzaï a reconnu ce lundi que la CIA a versé de l’argent au Conseil national de sécurité (CNS), un organisme dépendant de la présidence, confirmant une information du New York Times. Selon le Guardian ce mardi, les services secrets britanniques, le MI6, auraient également financé la présidence afghane.

Si le président Karzaï a avoué que les versements durent depuis une dizaine d’années, il n’a pas donné une explication très claire sur leur utilisation. « Cet argent a été utilisé pour différentes raisons : effectuer des opérations, aider les blessés et les malades, louer des maisons, entre autres (…) Ce soutien a été très utile et nous les (les Américains, ndlr) en remercions », a-t-il dit. Il a évoqué des « montants pas très importants ». Selon le quotidien américain, l’argent était en partie distribué à des seigneurs de guerre afin de s’assurer de leur loyauté.

L’image de Karzaï ternie

Ces révélations sur les « sacs d’argent liquide » risquent de ternir un peu plus l’image de Hamid Karzaï dans son pays, selon des analystes afghans et des opposants. Pour Mahmoud Saika, un militant anticorruption, « cela montre que Karzaï agit de façon totalement illégale ». « Il y a une grande différence entre accepter de l’argent de manière légale et le toucher en liquide dans des sacs à dos », a-t-il dit. Il ajoute que, selon lui, « les Américains sont aussi responsables. Ils ne devraient pas s’ingérer dans les affaires internes afghanes de cette façon. »

Sayed Fazel Sancharaki, porte-parole des groupes d’opposition à Karzaï, a lui estimé que ces façons de procéder « pouvaient se justifier pendant la période d’intérim et de transition quand il n’y avait pas d’institutions au pays ». « Mais maintenant que nous avons un parlement élu et un système gouvernemental, c’est injustifiable. »

Waheed Wafa, directeur d’un centre de recherche à l’Université de Kaboul, juge que cette affaire vient « ternir l’image » de Karzaï qui voulait se présenter au peuple afghan comme un garant de l’indépendance du pays. Onze ans après la chute du régime des talibans, le président afghan se montre de plus en plus critique à l’égard des Américains alors qu’il se prépare à céder son siège lors des élections prévues l’an prochain.

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