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La Chine aspire-t-elle au Jasmin ?

Suite aux appels lancés sur la Toile par certains dissidents chinois, résidant à l’étranger, de timides manifestations ont eu lieu ce dimanche en Chine. Très vite cernés par la police, les opposants au régime, n’ont pas réellement pu s’exprimer.

Les révolutions du monde arabe font des envieux mais les régimes communistes ont une longueur d’avance question censure et bâillonnement de l’opposition.

La Chine en est la preuve. Ce weekend, quelques dissidents chinois basés à l’étranger, ont lancé un appel à la « révolution ».

Les manifestants étaient appelés à descendre dans les rues et à crier leur mécontentement face au manque de liberté, de justice et de démocratie. « Nous voulons de la nourriture », « nous voulons du travail », faisaient partie des slogans qu’ils devaient scander.

Nombreux hélas, étaient les contingents de policiers déployés pour accueillir les quelques manifestants ayant répondu à l’appel. Le quartier commercial de Wangfujing, à Pékin, censé être un lieu de ralliement selon certains messages Internet, n’a quant à lui vu aucun rassemblement, alors que pas moins de 300 policiers attendaient de pied ferme les courageux sensés y manifester.

Comment expliquer une telle absence de militants ?

Sur les forums, on raconte que les quelques manifestants ayant répondu à l’appel n’ont pas eu de chance face aux contingents de policiers déployés. D’après certains activistes, les plus vaillants d’entre eux ont très vite été cernés et embarqués.

Selon le Centre d’Information pour les droits de l’Homme et la démocratie, jusqu’à cent activistes ont été arrêtés, assignés à résidence ou ont tout bonnement disparu de la circulation.

Des appels téléphoniques adressés à plusieurs militants des droits de l’Homme, dont Teng Biao, Xu Zhiyong et Jiang Tianyong sont restés sans réponse dimanche.

L’Etat chinois redouterait-il une influence des révolutions arabes ? La presse chinoise a longtemps fait mine de ne rien voir et tenté de ne rien dévoiler des soulèvements ayant eu lieu en Tunisie et en Egypte.

Le nom de Mohamed Bouazizi est d’ailleurs apparu pour la première fois, le jour de la chute de Ben Ali.

La veille de l’appel aux manifestations, le président chinois Hu Jintao avait même exigé l’imposition de contrôles plus stricts sur la Toile.

Rien d’étonnant quand on sait que depuis le début des agitations qui ont bercé la Tunisie, la Chine a fait barrière aux informations émanant du monde arabe quant aux soulèvements contre le chômage, la hausse des prix, ou encore la corruption et l’absence de démocratie.

La Chine a dès lors très vite pris les devants et s’est assurée de faire disparaître des mots tels que « jasmin », « Tunisie » et « Egypte » des forums de discussion.

Le moteur de recherche Baidu, expliquait dimanche que la recherche du mot « jasmin » était impossible en raison de la loi et de la réglementation.

Le système de censure sur Internet en Chine est d’ailleurs appelé « Great Firewall », expression qui fait référence à la Grande Muraille de Chine, mais qui est en fait un clin d’oeil au pare-feu informatique que subit le réseau. Cette « Grande Muraille informatique » bloque bon nombre de sites et de termes tels que « Tibet » ou « droits de l’homme ».

L’énergie que met la Chine dans la censure et la prohibition de telles manifestations suscite l’intérêt. Son souhait d’amoindrir voire même de dissimuler la révolution du jasmin témoigne d’une certaine inquiétude face aux derniers soulèvements pour son propre régime.

Ghizlaine Chérif

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