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La cause de Hank Skinner enfin revue sur le fond

La Cour suprême des Etats-Unis a accepté lundi d’examiner sur le fond la requête du condamné à mort texan Hank Skinner, qui demande à ce que des tests ADN soient pratiqués pour prouver son innocence.

La Cour suprême américaine a annoncé qu’elle se saisissait du dossier Hank Skinner, deux mois après avoir suspendu in extremis – moins d’une heure avant – son exécution le 24 mars dernier. Il s’agit pour la première instance judiciaire du pays de décider si oui ou non des tests ADN peuvent être faits en vue d’innocenter le détenu.

Agé de 48 ans dont 15 passés dans le couloir de la mort, Henry Watkins « Hank » Skinner avait été condamné en 1995 pour avoir battu à mort sa compagne, Twila Busby et poignardé les fils de celle-ci, Randy Busby et Scooter Caler.

Une nuit du réveillon qui vire au cauchemar

Les faits se sont déroulés la nuit du 31 décembre 1993. Skinner, alors âgé de 31 ans, consomme de l’alcool et de la codéine, à laquelle il est sévèrement allergique. Il perd alors connaissance. Ce soir là, Hank Skinner devait accompagner Twila Busby à une soirée. Un ami, Howard Mitchell, vient les chercher, mais il n’arrive pas à réveiller Skinner. Hank reste donc seul à l’appartement avec les fils de sa compagne.

Lors de cette soirée du réveillon, la compagne de Skinner est harcelée par son oncle, Robert Donnell, connu pour son comportement violent. Il lui fait même des avances. Inquiète, Twila demande à Howard Mitchell de la raccompagner chez elle.

Une fois rentrée, Twila Busby est battue à mort. Ses deux fils sont poignardés. Hank Skinner est présent au moment des faits, mais dans un état comateux.

C’est une voisine qui prévient la police après qu’un des fils de la victime, gravement blessé, ait réussi à se trainer jusque chez elle.

Trois heures après le triple meurtre, Hank est arrêté. Il raconte qu’il a été emmené au commissariat, déshabillé et photographié. Il est tellement malade suite à l’absorption d’alcool et de codéine qu’il est incapable de se tenir debout pendant qu’on le photographie; la police a d’ailleurs dû le maintenir debout afin de prendre des clichés. Il est ensuite emmené à l’hôpital où des échantillons de sang sont prélevés. Ces échantillons, pris six heures et demie après les meurtres, montrent un taux d’alcoolémie de 2.1 g/l, plus de deux fois la limite légale au Texas. Les tests ont aussi révélé des niveaux élevés de codéine dans son organisme.

Ses défenseurs affirment qu’il y a un grand nombre d’éléments qui permettent d’émettre de sérieux doutes sur sa capacité physique, et d’ailleurs mentale, pour pouvoir avoir commis ces meurtres.

Malgré ces doutes, Hank Skinner est condamné à mort le 23 mars 1995.

Depuis cette condamnation, il ne cesse de clamer son innocence et introduit recours sur recours. L’Etat du Texas refuse de le laisser, même à ses frais, faire des tests ADN à partir des éléments relevés sur la scène du crime, qui selon lui prouveraient qu’il n’est pas l’auteur des coups.

Une annulation 45 minutes avant son exécution

Le 24 mars dernier, la Cour suprême a annulé l’exécution de Hank Skinner à la prison de Huntsville, au Texas… seulement 45 minutes avant l’injection fatale. Un énorme soulagement pour ses proches, dont sa femme, Sandrine Ageorges-Skinner, militante française anti-peine de mort.

Depuis plus de 15 ans, son épouse se bat sur son dossier pour obtenir un sursis et des tests ADN qui n’ont jamais été effectués.

Le cas de Hank Skinner a suscité la mobilisation de nombreuses personnes et associations à travers le monde. La France avait même demandé au gouverneur du Texas, Richard Perry, d’arrêter l’exécution par injection mortelle et d’ouvrir un complément d’enquête. Sans succès. C’est finalement la Cour suprême qui avait ordonné la suspension de l’exécution.

Pour son avocat, Rob Owen, la décision de la Cour suprême est la première étape d’un long cheminement.

LeVif.be avec Belga

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