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L’UE lance le débat sur la levée des sanctions en Birmanie

L’Union européenne, qui envisage un allégement fin avril de ses sanctions contre les autorités birmanes après les élections partielles historiques dans le pays, a entamé un débat sur l’ampleur du geste à faire, a-t-on appris de sources diplomatiques.

« Certains pays plaident pour une levée totale des sanctions tandis que d’autres sont favorables à une levée partielle », relève un diplomate européen alors que la question était à l’ordre du jour d’une réunion mardi des ambassadeurs des 27 pays de l’UE à Bruxelles.

Les Britanniques et les pays nordiques notamment sont pour une approche « graduelle, étape par étape », afin de s’assurer que les réformes sont poursuivies, a-t-il précisé. Ces pays souhaitent maintenir l’embargo sur les armes en place de même que des sanctions contre les auteurs de violations des droits de l’homme.

De fait, relève ce diplomate, « il y a encore une série de violations des droits de l’homme qui ont lieu » en Birmanie et les élections partielles de dimanche, que l’UE a saluées, « n’en marquent pas la fin ».

Aux yeux de ces pays, « le processus (de démocratisation) est incomplet et l’UE a besoin de voir davantage de réformes » pour lever totalement ses sanctions, qui arrivent à échéance fin avril.

A l’inverse, d’autres pays comme la France veulent aller assez loin « en faveur de la levée de différentes sanctions », relève un autre diplomate européen.

Lundi, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a promis que l’UE ne manquerait « pas de tenir compte » fin avril « de l’évolution de la situation depuis l’an dernier dans son ensemble, notamment la manière dont les élections de ce dimanche se sont déroulées ».

Mais il faut « parvenir a un accord des 27 », et les autres devront « s’adapter à la discussion » pour trouver un compromis, relève un diplomate en pronostiquant que « la tendance sera certainement de tenir compte au maximum de la dynamique politique des élections législatives ».

En début d’année, l’UE avait déjà levé l’interdiction de visa imposée à 87 personnalités birmanes, dont le président Thein Sein, pour saluer les réformes engagées dans ce pays longtemps soumis à une junte militaire.

Mais les sanctions comprennent encore un embargo sur les armes, des mesures dans le secteur des pierres précieuses et du bois, et le gel des avoirs de près de 500 personnes et de 900 entités. La question du déblocage de l’aide européenne au développement du pays se pose aussi.

L’Asean appelle également à la levée des sanctions

Les dirigeants de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) réunis mardi en sommet à Phnom Penh ont appelé à la levée des sanctions occidentales contre la Birmanie après les élections partielles historiques de dimanche, a indiqué un haut responsable cambodgien.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Asean « appellent à la levée de toutes les sanctions contre la Birmanie », a déclaré aux journalistes le ministre des Affaires étrangères adjoint Kao Kim Hourn, dont le pays assure la présidence tournante du bloc régional.

« La levée des sanctions contribuerait positivement au processus démocratique et en particulier au développement économique de la Birmanie », a-t-il ajouté, citant les dirigeants réunis à huis-clos.

Le président birman Thein Sein a assuré à ses homologues que les élections de dimanche avaient été « transparentes, libres et justes, alors il accepte les résultats », a-t-il encore indiqué.

Le parti d’Aung San Suu Kyi première force d’opposition au parlement

La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l’opposante Aung San Suu Kyi est désormais la première force d’opposition au parlement après les élections partielles historiques de dimanche, selon les résultats officiels annoncés mardi par la télévision d’Etat.

La LND a remporté 43 des 44 sièges qu’elle briguait, dont celui de la lauréate du paix Nobel de la paix, qui devient pour la première fois députée. Au total, 45 sièges étaient à pourvoir, dont 37 à la chambre basse du parlement, tous remportés par la Ligue.

La LND, qui avait remporté une victoire écrasante mais jamais reconnue par la junte aux élections de 1990, devient ainsi la deuxième force du parlement, à la place du Parti national démocratique shan (SNDP).

Le SNDP, mieux connu sous le nom de « Tigre blanc », est le seul à avoir réussi à battre la Ligue dimanche, remportant un siège dans l’Etat Shan.

Le Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP), créé de toutes pièces par l’ancienne junte avant les élections controversées de novembre 2010, remporte lui son seul siège dans l’unique circonscription où le parti de Suu Kyi n’avait pas de candidat. Malgré tout, le pouvoir n’a dans l’immédiat rien à craindre.

L’USDP avait revendiqué environ 80% des sièges aux élections controversées de 2010. Et un quart des parlementaires sont, en vertu de la Constitution, des militaires d’active désignés en marge du processus électoral.

Le Vif.be, avec Belga

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