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L’Otan va envoyer des avions de surveillance en Turquie

L’Otan va déployer des avions de surveillance en Turquie pour aider Ankara à protéger son espace aérien, comme l’Alliance l’avait envisagé début décembre, selon une annonce du gouvernement allemand qui a suscité dimanche une vague de critiques.

« Il est prévu un transfert provisoire d’avions de reconnaissance AWACS de la base de Geilenkirchen vers la base avancée de Konya », dans le sud de la Turquie, écrit le ministère allemand de la Défense le 18 décembre, dans un courrier révélé dimanche par la presse.

Dans ce texte adressé à la commission de la défense du Bundestag, la chambre basse du Parlement, le ministère rappelle que Berlin fournit à l’Otan « 30% du personnel » des seize AWACS basés à Geilenkirchen, des Boeing E-3A Sentry considérés comme « les yeux de l’Otan dans le ciel », selon le site de l’Alliance.

Bien que cette décision implique l’envoi de soldats allemands à l’étranger, le gouvernement ne compte pas solliciter l’avis du Bundestag, au motif qu’il s’agit d’une simple aide à la surveillance de l’espace aérien et non d’une offensive armée, poursuit le ministère de la Défense.

« Le gouvernement doit immédiatement informer le Parlement des détails de ce déploiement, en particulier concernant les missions précises assignées à ces avions et la destination des données recueillies sur l’espace aérien », a exigé dimanche le responsable des questions de défense au sein des Verts, Tobias Lindner, dans le quotidien ‘Bild’.

La vice-présidente du parti de gauche radicale Die Linke, Sahra Wagenknecht, a de son côté jugé « hautement dangereux » l’envoi en Turquie de ces avions et réclamé un vote du Bundestag, déplorant par ailleurs l’appui allemand aux forces de sécurités turques qui « tuent de nombreux Kurdes en Turquie ».

Le président de la commission de la défense du Bundestag, le social-démocrate Wolfgang Hellmich, a jugé « un peu curieux » le moment choisi pour cette annonce, dont les parlementaires en vacances n’ont pas encore pu discuter, explique-t-il aux journaux du groupe Funke dans une interview à paraître lundi.

Il a laissé ouverte la question d’une consultation de la chambre basse, déjà sollicitée début décembre pour approuver la participation de jusqu’à 1.200 soldats allemands aux opérations internationales contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak.

L’envoi par l’Otan d’avions AWACS, en nombre pour l’heure non précisé, s’inscrit dans le cadre de l’aide promise début décembre par l’Alliance « pour assurer la sécurité de la Turquie » en raison des conflits à ses frontières, en Irak et en Syrie.

En 2012, les alliés avaient notamment décidé de renforcer la défense antiaérienne turque en déployant six batteries antimissiles Patriot le long de la frontière avec la Syrie. Mais les Etats-Unis et l’Allemagne ont chacun retiré leurs deux batteries ces derniers mois, suivant l’exemple des Pays-Bas. Une seule batterie espagnole est encore présente à Adana.

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