Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN © BELGA

L’Otan met la dernière main à son renforcement militaire à l’est en mobilisant 20 alliés

L’Otan a mis mercredi la dernière main au dispositif de plusieurs milliers de soldats qui doit, à partir de l’an prochain, dissuader la Russie de toute velléité d’attaque d’un pays du flanc oriental de l’Alliance atlantique, un effort qui implique une vingtaine d’alliés.

Les ministres de la Défense des 28 pays membres, réunis pour deux jours à Bruxelles, ont virtuellement comblé les dernières lacunes permettant la mise sur pied de quatre « robustes bataillons multinationaux » qui se déploieront au premier semestre 2017 dans les pays baltes et en Pologne, a indiqué le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, à l’issue de la première journée.

Ce renforcement de la « présence avancée » (en anglais « Enhanced Forward Presence », EFP), destiné à dissuader la Russie de toute velléité d’attaquer des alliés, avait été décidé lors du dernier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 28, début juillet à Varsovie.

Les quatre bataillons d’environ un millier d’hommes chacun et « prêts au combat » seront commandés par les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne et le Royaume-Uni, respectivement en Pologne, en Lettonie, en Lituanie et en Estonie, face à une Russie qui renforce son dispositif militaire dans l’ouest de son territoire. Au point d’inquiéter ces alliés situés en première ligne et ex-satellites de Moscou durant la Guerre froide, effrayés par l’expansionnisme de la Russie.

Les quatre bataillons auront tous des configurations différentes, a souligné M. Stoltenberg au cours d’une conférence de presse.

L’Allemagne sera épaulée en Lituanie par la Belgique – qui fournira une compagnie de transport d’une bonne centaine de militaires, selon son ministre de la Défense, Steven Vandeput – par la Croatie, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Norvège.

Le Canada, qui déploiera un « groupe de combat » en Lettonie, recevra le renfort de l’Albanie, de la Slovénie, de l’Italie et de la Pologne. Le Royaume-Uni bénéficiera, en Estonie, de l’aide du Danemark et de la France. En Pologne, les Etats-Unis auront l’appui du Royaume-Uni et de la Roumanie, a précisé M. Stoltenberg.

Les ministres ont aussi convenu de renforcer la présence militaire alliée dans la région de la mer Noire, qui borde notamment la Roumanie et la Bulgarie, ainsi que la Turquie.

Sept pays alliés (l’Italie, le Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, la Turquie et les Etats-Unis) ont ainsi confirmé leur engagement à renforcer la présence militaire de l’Alliance dans cette région « sur terre, dans les airs (avec notamment des chasseurs Typhoon britanniques, une première, selon le ministre de la Défense, Michael Fallon) et en mer », a affirmé M. Stoltenberg.

« Il s’agit d’une réponse défensive, proportionnée et conforme aux engagements internationaux » pris par l’Otan, a souligné le secrétaire général.

« C’est une dissuasion crédible, non pour provoquer un conflit mais pour prévenir un conflit », a dit M. Stoltenberg.

« L’Alliance doit se montrer unie. L’attaque à l’encontre d’un allié sera considéré comme une attaque contre l’ensemble de l’Alliance », a-t-il ajouté, comme en réponse au candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, qui a remis en cause l’engagement automatique des Etats-Unis dans la défense de ses alliés est-européens en vertu de l’article 5 du traité fondateur de l’Otan.

Les relations entre l’Otan et la Russie sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide, à la suite notamment de l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014 et du soutien présumé apporté par Moscou aux séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine.

Contenu partenaire