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L’opposition russe saura-t-elle s’unir contre Poutine?

Le leader d’extrême-gauche Sergueï Oudaltsov s’inquiète de voir éclater la mosaïque de l’opposition russe, surtout si le pouvoir profite des failles qui la traversent déjà.

« Nous continuons la lutte. » A peine sorti de prison après un mois de détention pour avoir participé à des manifestations d’opposition non autorisées, Sergueï Oudaltsov n’entend pas relâcher la pression contre le régime de Vladimir Poutine. Une nouvelle manifestation contre la politique du gouvernement et la répression des opposants au régime est d’ailleurs prévue ce lundi.
Mais le leader du Front de gauche ajoute une mise en garde adressée à son propre camp. « Tout en préparant de nouvelles manifestations pacifiques, il faut que nous veillions à l’unité » d’un mouvement très éclaté, répète-t-il sur les ondes de la radio indépendante Echo de Moscou comme dans les colonnes du quotidien Kommersant.

Les manifestations des 10 et 24 décembre pour réclamer l’annulation des législatives du 4 décembre entachées de fraudes, selon les anti-Poutine, ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes. Un mouvement sans précédent depuis le début de l’ère Poutine en 2000… Mais elles ont aussi montré combien l’opposition est multiple, allant de l’extrême-gauche aux nationalistes, en passant par les écologistes.

Des failles que le pouvoir pourrait utiliser

Une diversité qui ne favorise pas l’action…Une centaine de protestataires se sont d’ailleurs rassemblés dans le centre de Moscou pour dénoncer le régime… autant que l’impuissance de l’opposition à obtenir des changements. Les organisateurs du rassemblement commentent dans un communiqué publié sur le site internet mitingvmoskve.ru: « Nous en avons assez aussi bien de ceux qui dirigent le pays que de l’opposition. »

Ces failles, le pouvoir pourrait en profiter, craint Sergueï Oudaltsov. « Tout s’est bien passé spontanément peut-être une fois ou deux. Mais après cela, je l’ai déjà dit, il y a un risque que les autorités cherchent à nous dresser les uns contre les autres et à nous diviser », a-t-il ajouté.

« Il faut structurer un peu tout ça, car pour le moment chacun cherche à tirer la couverture à soi », a commenté Sergueï Oudaltsov. « Il faut maintenant réunir toutes les idées, afin de prendre les décisions les plus importantes qui nous attendent: comment poursuivre le mouvement, quelles manifestations organiser et à quel endroit, ouvrir ou non des pourparlers » avec le pouvoir.
Un pouvoir qui ferait mieux de ne pas « rester insensible à ces protestations », car cela serait « très mauvais signe » pour les autorités, « un signe de leur incapacité à s’adapter ». Cette autre mise en garde vient du chef de l’Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, dans un entretien avec la télévision d’Etat le jour de la Noël orthodoxe ce week-end.

Le prélat, très écouté dans un pays où 70% des personnes se réclament de l’orthodoxie, semble ne pas douter que le pouvoir saura entendre les revendications des Russes… « Davantage de manifestations ou des réformes », voilà ce qui, selon Gazeta.ru, attend les Russes en 2012. Des élections présidentielles très importantes aussi, le 4 mars prochain! « C novim godam… »

LeVif.be avec L’Express.fr

Nouvelle manifestation le 4 février

Les organisateurs des manifestations des 10 et 24 décembre prévoient un nouveau grand rassemblement de l’opposition, le 4 février prochain à Moscou. Un mois avant les élections présidentielles à la faveur desquelles Vladimir Poutine espère retrouver la présidence russe, qu’il a déjà occupée de 2000 à 2008, pour reléguer le président actuel Dmitri Medvedev au rang de Premier ministre. Mais les pièces maîtresses de ce « roque » digne d’un jeu d’échecs ne prévoyaient certainement pas que les Russes n’accepteraient pas de rester de simples pions.

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